La Grèce et la Turquie connaissent de nouvelles tensions, dans le contexte de prospection des fonds marins méditerranéens à la recherche d'importants gisements de gaz. Réagissant à l'annonce de la reprise des manœuvres de la marine turque dans les eaux méditerranéennes orientales, le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a déclaré dans un communiqué, cité par l'AFP le 9 août, que «les dernières mobilisations navales en Méditerranée orientale [étaient] extrêmement préoccupantes» car «elles conduir[aient] à un antagonisme et une méfiance accrus.» «Les frontières maritimes doivent être définies par le dialogue et les négociations, et non par des actions unilatérales et la mobilisation de forces navales», a-t-il ajouté. «La ligne de conduite actuelle ne servira les intérêts ni de l'Union européenne, ni de la Turquie. Nous devons travailler ensemble pour la sécurité en Méditerranée», a conclu Josep Borrell.
Le ministre turc de l'énergie, Fatih Dönmez a déclaré le 10 août via Twitter : «la Turquie va poursuivre sans discontinuer ses activités en Méditerranée et en mer Noire afin d'assurer son indépendance énergétique». Ankara avait déjà annoncé l'envoi d'un navire de prospection, Oruç Reis, dans une zone aux frontières contestées en Méditerranée du 10 au 23 août sur une notice d'information maritime Navtex, le 8 août ce qui avait provoqué une levée de bouclier de la part des autorités grecques. Athènes avait réagi, le même jour, en annonçant un accord avec l'Egypte, délimitant l'espace maritime des deux pays. Ankara a ainsi dénoncé un «soi-disant accord conclu entre la Grèce et l’Egypte pour la délimitation des zones de juridiction maritime [...] nul et non avenu», selon le média turc TRT. La Grèce a néanmoins fait savoir le 6 août qu'elle était prête à engager des pourparlers avec la Turquie sur les zones maritimes.
En cause : la définition des zones économiques exclusives en mer Egée et donc l'exploitation de ces fameux gisements. En novembre dernier, la Turquie avait lancé les hostilités en signant un accord de partage de l'espace maritime avec le gouvernement national d'entente de Libye (GNA), dirigé par Fayez el-Sarraj. Les différentes parties contestent la légalité internationale de leurs différents accords.
De son côté, la Grèce craint que l'accord passé avec le GNA n’accroisse encore un peu plus l'influence turque en Méditerranée.
La zone en alerte
L'incursion de navires turcs sur le plateau continental grec n'est pas un fait nouveau. Des opérations de ce type avaient déjà eu lieu en 2018, ce qui avait entraîné le déploiement de la marine grecque dans le sud et le sud-est de la mer Egée.
Par ailleurs, la zone frontalière entre ces deux membres de l'OTAN est déjà particulièrement sous tension, comme en témoignent par exemple les affrontements entre des migrants et des policiers grecs à la frontière le 4 mars, après qu'Ankara avait annoncé l'ouverture de sa frontière commune avec la Grèce.