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Bolivie : le gouvernement poursuit l'ancien président Evo Morales pour «terrorisme et génocide»

Evo Morales est accusé d'être responsable de l'installation de barrages routiers ayant bloqué des convois médicaux. L'actuel gouvernement fait ces accusations, qualifiées de «provocation» par l'ancien président, à quelques mois des élections.

Le gouvernement bolivien a déposé une plainte contre l'ancien chef d'Etat Evo Morales et son candidat à l'élection présidentielle pour délits de «terrorisme et génocide», les accusant d'être responsables de l'installation de barrages routiers depuis une semaine, selon le parquet général. 

La plainte concerne au total 12 personnes, notamment le dirigeant de la Centrale ouvrière bolivienne (COB), Carlos Huarachi, et les deux candidats à la présidence et à la vice-présidence présentés par le parti d'Evo Morales, le MAS (Movimiento al Socialismo-Instrumento Político por la Soberanía de los Pueblos), à savoir Luis Arce et David Choquehuanca, selon le procureur de La Paz, Marco Antonio Cossio. Ils sont accusés de «terrorisme, génocide, délits contre la santé», selon un autre procureur, Alexis Vilela.

Le gouvernement fait appel à l'armée 

Le gouvernement de l’autoproclamée présidente par intérim Jeanine Anez a accusé Carlos Huarachi d'avoir ordonné le placement de barrages routiers depuis le 3 août. Selon le gouvernement, ces barrages dans tout le pays ont empêché le transfert de vivres et de fournitures médicales, comme de l'oxygène, vers les principales villes. L'exécutif estime que le manque d'oxygène causé par ces blocages a été à l'origine de 31 décès la semaine dernière.

Les accusations portent aussi sur l’organisation de protestations liées à l'ancien président Morales (2006-2019) pour exprimer un désaccord avec le report des élections du 6 septembre au 18 octobre. Elles étaient initialement prévues le 3 mai.

Les protestataires estiment que ce nouveau report du scrutin porte préjudice à Luis Arce, donné en tête des sondages, face à d'autres candidats tels que l'ex-président centriste Carlos Mesa et Jeanine Anez. Les autorités ont décidé, le 10 août, d'envoyer l'armée et la police pour protéger, d'après eux, les services publics, les infrastructures stratégiques et les convois médicaux. 

Le ministre de la Défense, Luis Fernando Peredo, a précisé que l'armée escorterait notamment un convoi de camions contenant plus de 60 tonnes d'oxygène de la ville de Santa Cruz (Est) vers Cochabamba (centre), La Paz et Oruro (Ouest).

«La décision du gouvernement de facto d'emmener un convoi avec de l'oxygène de Santa Cruz à La Paz sur une route où il y a des blocages, lorsque c'est possible par d'autres itinéraires, est une provocation qui recherche la violence», a réagi Evo Morales sur Twitter.

Evo Morales visé par deux mandats d'arrêt 

Les personnes visées par la plainte vont être convoquées dans les jours qui viennent, a avancé Marco Antonio Cossio. Il n'a pas précisé comment se ferait la déposition d'Evo Morales, réfugié en Argentine depuis décembre après avoir démissionné à la suite de mouvements sociaux liés aux résultats de l'élection présidentielle intervenue peu avant.

L'ancien président est par ailleurs visé par deux mandats d'arrêt du parquet général, l'un émis en décembre 2019 et l'autre début juillet 2020.

La Bolivie prévoit des élections présidentielles et parlementaires le 18 octobre, alors que le pays est frappé par l'épidémie de coronavirus, qui y a provoqué officiellement 3 640 décès et plus de 90 000 contaminations.