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Facebook refuse de bannir les propos révisionnistes, des survivants de la Shoah montent au créneau

Dans une vidéo, des rescapés de l'Holocauste interpellent Mark Zuckerberg en l'appelant à bannir tout message négationniste de sa plateforme. De son côté, Facebook n'entend pas retirer un contenu «uniquement parce qu'il est faux».

Protestant contre le fait que les messages révisionnistes ne soient pas systématiquement supprimés sur Facebook, des survivants de la Shoah s'indignent. Mais l'entreprise, basée aux Etats-Unis où les propos révisionnistes ne sont pas sanctionnés par la loi, n'entend pas bannir un contenu «uniquement parce qu'il est faux».

Ce 29 juillet, des survivants de l'Holocauste, parmi lesquels Eva Schloss, demi-soeur d'Anne Frank, ont ainsi interpellé le PDG de l'entreprise, Mark Zuckerberg, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. 

Dans la séquence diffusée par la Claims conference, organisation composée d'associations juives réclamant des dédommagements pour les rescapés de la Shoah, les témoignages se succèdent. «Quand des gens disent en ligne que l'Holocauste n'a jamais eu lieu, ils disent que mon père, ma sœur et soixante membres de ma famille n'ont pas été assassinés par les nazis», s'insurge Lea Evron, 85 ans. D'origine polonaise, Sidney Zoltak lance pour sa part : «Ceux qui disent que l'Holocauste n'a pas existé me traitent de menteur.»

Zuckerberg veut combattre les «mauvais propos» avec «de bons propos»

Tandis que l'organisation souhaite faire comprendre à Mark Zuckerberg «pourquoi le négationnisme est un discours de haine», la position du géant des réseaux sociaux est autre.

Un porte-parole de Facebook, interrogé par l'AFP, a ainsi fait valoir que l'entreprise cherchait effectivement à limiter la propagation des thèses négationnistes sur son réseau, mais ne retirerait pas un contenu «uniquement parce qu'il est faux». Le porte-parole a ajouté que tout message incitant à la haine ou la violence, tout contenu cherchant à défendre l'Holocauste ou accusant les victimes de mentir, serait en revanche supprimé.

Le débat était apparu dès 2018, lorsque Mark Zuckerberg avait suscité l'ire de l'Anti-defamation League, association américaine se donnant pour but de lutter contre l'antisémitisme, en affirmant que Facebook ne bannirait pas les publications révisionnistes, à condition que celles-ci n'appellent pas explicitement à la haine ou la violence.

«Le meilleur moyen de combattre de mauvais propos offensants, c'est de bons propos», avait-il alors justifié. Aux Etats-Unis, où est basé le siège de Facebook, le révisionnisme n'est pas puni par la loi, le premier amendement de la Constitution garantissant la liberté d'expression des citoyens. En France, il est en revanche puni depuis l'adoption de la loi Gayssot en 1990. D'autres pays européens disposent également de lois mémorielles de ce type.

De son côté, la Claims Conference n'entend pas baisser les bras, et a promis de mettre en ligne une vidéo de rescapé chaque jour «jusqu'à ce que Facebook agisse».