Facebook censure près de 90% des contenus qualifiés de «discours de haine» avant qu'ils puissent être partagés, a fait savoir Mark Zuckerberg à l'occasion de l'ouverture de l'audition des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) au Congrès, le 29 juillet. «Nous pouvons identifier de façon proactive 89% des discours de haine, que nous supprimons [de la plateforme] avant, je pense, qu'ils ne soient vus par d'autres personnes», a ainsi confié le patron du réseau social, expliquant avoir mis au point à cet effet des systèmes d'intelligence artificielle «sophistiqués».
Depuis des semaines la campagne de boycott publicitaire «Stop hate for profit» – menée entre autres par l'Anti defamation league – fait pression sur le réseau social, l'accusant de ne pas suffisamment lutter contre la «haine généralisée». Devant le Congrès, c'est le représentant démocrate du Maryland, Jamie Raskin, qui s'est fait le relai de leurs exigences, demandant donc à Mark Zuckerberg quelles mesures il prenait pour empêcher les «racistes de l'Alt-right» ou encore «les contenus antisémites» de prospérer sur la plateforme.
Comme le font les démocrates depuis quatre ans, Jamie Raskin a par ailleurs de nouveau accusé Facebook d'être en partie responsable de la défaite d'Hillary Clinton lors de la présidentielle de 2016. Une inquiétude que Mark Zuckerberg assure avoir pris à bras le corps, puisque le réseau social disposerait désormais de moyens de sécuriser les élections, «parmi les plus avancés de la planète». «Nous collaborons régulièrement avec les forces de l'ordre et les agences de renseignement, et sommes parfois en mesure d'identifier les menaces provenant d'autres pays avant même que les gouvernements ne soient en mesure de le faire», s'est-il félicité.
Si ces déclarations ont de quoi rassurer le camp démocrate, elles ne devraient pas être aussi bien accueillies par les républicains. Ceux-ci, Donald Trump en tête, accusent depuis des mois les réseaux sociaux, dont Facebook, de censurer les conservateurs. Le représentant de la Floride Matt Gaetz a ainsi interrogé Mark Zuckerberg sur cette «culture» de discrimination envers les conservateurs au sein de l'entreprise. «Evidemment, quand vous avez des dizaines de milliers d'employés, certains font des erreurs. Les gens ont parfois leur propre but», a déclaré le patron de Facebook, niant ainsi qu'il s'agisse d'une volonté délibérée de l'entreprise.
Outre Mark Zuckerberg, Sundar Pichai (Alphabet, maison-mère de Google), Tim Cook (Apple) et Jeff Bezos (Amazon), ont été auditionnés en visioconférence par la commission judiciaire de la Chambre des représentants à Washington, qui enquête depuis un an sur de possibles abus de position dominante.