Twitter, Facebook et Youtube, ont censuré dès le 27 juillet une vidéo postée par plusieurs personnalités étasuniennes de premier plan comme le président Donald Trump, son fils Donald Jr. ou encore la star Madonna, dans laquelle un groupe de médecins faisait la promotion du traitement à base d'hydroxychloroquine et demandait aux autorités américaines de les laisser prescrire le médicament. Il y était notamment dit que le port du masque est inutile car le traitement est disponible.
Rapidement devenue virale sur les réseaux, la séquence, qui aurait eu lieu devant la Cour suprême américaine à Washington, avait été postée par le média conservateur Breitbart News. Elle réunissait des médecins du collectif désormais controversé «America's frontline doctors».
Selon les déclarations des principaux réseaux sociaux, cette vidéo, vue plus de 14 millions de fois sur Facebook selon le Washington Post, contenait des déclarations «trompeuses et fausses» sur la pandémie de coronavirus. «Les tweets accompagnant la vidéo violent notre politique concernant la désinformation sur le Covid-19», a en outre fait savoir à l'AFP un porte-parole de Facebook à propos de cette vidéo retirée du compte du président des Etats-Unis. «Nous avons supprimé cette vidéo parce qu'elle partageait de fausses informations sur les remèdes et les traitements du Covid-19», a ajouté ce porte-parole. Twitter s'est pour sa part refusé à donner plus d'informations, notamment sur le nombre de personnes ayant pu regarder la vidéo mais est allé jusqu'à suspendre provisoirement le 28 juillet le compte de Donald Trump junior.
Le président américain représente-il le gouvernement selon Twitter ?
Début avril, Twitter s'est doté d'une règle spécifique concernant les contenus faisant la promotion de l'hydroxychloroquine. Ainsi, dans sa charte de modération, on peut lire que les tweets qui contiennent «des allégations faites par des personnes se faisant passer pour un gouvernement ou un responsable de la santé et affirmant que l'hydroxychloroquine préviendra le Covid-19» doivent être supprimés. Une règle qu'il peut paraître surprenant d'appliquer au locataire de la Maison Blanche, puisque Donald Trump est le président élu des Etats-Unis et représente donc bien un gouvernement.
J'ai l'impression que ce débat est devenu politique. Je ne comprends pas.
Quelques heures après la suppression de la vidéo, tenace, le président américain qui a lui même pris de la chloroquine à titre préventif, a récidivé en tweetant plusieurs clips extraits de la même vidéo à ses 84,2 millions d'abonnés. Pendant une demi-heure, selon le Washington Post, Donald Trump a aussi partagé 14 autres tweets pour défendre l'utilisation de l'hydroxychloroquine, médicament antipaludique, objet d'une controverse particulièrement tendue et notamment promu en France par le professeur Didier Raoult.
Lorsque je recommande quelque chose, ils aiment dire "ne l'utilisez pas"
Suite à cette censure, le président américain a réagi à la polémique lors d'une conférence de presse, assurant avoir «beaucoup lu sur l'hydroxy». «Lorsque je recommande quelque chose, ils aiment dire "ne l'utilisez pas"», a ajouté Donald Trump, en référence à ses opposants. «J'ai l'impression que ce débat est devenu politique. Je ne comprends pas.», a-t-il encore déploré. Et à propos des intervenants de la vidéo incriminée, il a poursuivi : «Je pense que ce sont des docteurs très respectés.»
Mais l'historique de l'une des des médecins présente dans la vidéo, Stella Immanuel, a refait surface. Elle qui déclare dans la vidéo «vous n'avez pas besoin de masques. Un traitement existe. Non, nous n'avons pas besoin de confiner les gens. La prévention est là, et un traitement existe», aurait défendu par le passé l'idée que les responsables politiques américains étaient «mi-humains, mi-extraterrestres» et que les Etats-Unis étaient gouvernés par des «reptiliens». Elle aurait également soutenu que les problèmes gynécologiques étaient liés à des relations sexuelles avec des esprits du mal. Le site americasfrontlinedoctors.com, créé par le groupe le 15 juillet, est quant à lui inaccessible à ce jour.
Depuis quelques semaines, Donald Trump parle pour sa part de la crise sanitaire avec gravité. «Cela va sûrement, malheureusement, empirer avant de s'améliorer», a-t-il fait savoir, appelant clairement à porter le masque.
Twitter est la principale plateforme de communication de Donald Trump mais ces dernières semaines, le réseau n'a pas hésité à sanctionner des tweets du président. A titre d'exemple, Twitter avait épinglé le 23 juin le chef d'Etat américain avec une mention signalant qu'un de ses tweets «enfreignait» les règles du réseau portant sur les «comportements inappropriés», tout en laissant la possibilité de le lire. Quelque temps auparavant, la plateforme avait signalé comme trompeurs des propos de Donald Trump sur le vote par correspondance, articles de journaux à l'appui. Puis elle avait épinglé un autre tweet pour «apologie de la violence» : «Les pillages seront immédiatement accueillis par les balles», déclarait Donald Trump au sujet des manifestations qui dégénéraient parfois en émeutes.