Mercredi 7 octobre
L'organisation Médecins sans frontières a demandé à la Russie de convoquer une session indépendante de la Commission internationale humanitaire pour enquêter sur la frappe contre l'hôpital de Kunduz, a déclaré la directrice juridique de l'ONG, Françoise Saulnier. «Nous avons envoyé des lettres à tous les participants (des conventions de Genève) qui sont membres de cette commission, y compris la Russie», a-t-elle ajouté.
«L'enquête sera menée par des personnes indépendantes et non étatiques», a précisé Françoise Saulnier.
MSF avait alors déclaré s'être adressé à 76 pays-membres de la Commission internationale humanitaire pour établir les faits liés au bombardement de l'hôpital de Kunduz. La Russie est membre de cette commission depuis le 29 septembre 1989.
Mercredi 7 octobre, la présidente de MSF, Joanna Liu, a demandé à la Commission internationale humanitaire de mener une enquête à Kunduz pour établir les faits du bombardement de l'hôpital dans le cadre des Conventions de Genève. Elle a aussi précisé qu'elle «ne faisait pas confiance à une enquête militaire interne» engagée par les Etats-Unis, dans la mesure où ce pays constituait une partie du conflit.
Mardi 6 octobre, MSF a critiqué la conférence de presse du général américain John Campbell. Pour la 4ème fois en 4 jours, ce dernier avait modifié la version des faits concernant la frappe aérienne sur l'hôpital de Kunduz, avouant que les Etats-Unis avaient bombardé le centre médical par erreur.
«L’hôpital a été touché par erreur. Nous n’aurions jamais visé délibérément une installation médicale», a déclaré le général américain John Campbell lors d’une audience devant les parlementaires américains.
La décision de procéder à ces frappes a été prise dans le cadre d’un soutien aérien sollicité par les forces afghanes qui combattaient les talibans à Kunduz, a confirmé le général, en soulignant qu’elle avait été prise «au sein de la chaîne de commandement des Etats-Unis».
«Même si les Afghans nous ont demandé ce soutien, toutes les décisions passent à travers une procédure rigoureuse» avant qu’une frappe soit effectuée, a expliqué le responsable
Lundi 5 octobre
L’Italie a qualifié la frappe aérienne américaine contre l’hôpital à Kunduz de faute qui ne peut pas être justifiée.
Dimanche 4 octobre
MSF réclame une enquête indépendante sur le bombardement de l’hôpital à Kunduz car l’ONG estime que cette enquête ne doit pas être confiée à des militaires américains.
«Estimant qu’un crime de guerre a été commis, MSF demande à ce qu’un organe international indépendant conduise une enquête complète et transparente», a déclaré son directeur général Christopher Stokes.
«Faire confiance à l’enquête interne exécutée par l’une des partie en conflit ne sera pas efficace du tout», a-t-il poursuivi.
MSF annonce un nouveau bilan, plus lourd : 22 morts, dont 12 membres du personnel de l’hôpital et 10 patients.
Samedi 3 octobre
L’armée américaine a annoncé dans un communiqué, samedi, que ses forces aériennes avaient effectué une frappe «à proximité» de l’hôpital de MSF à Kunduz. «Les forces américaines ont mené le bombardement aérien dans la ville de Kunduz à 2h15 [heure local], le 3 octobre. Elles visaient des insurgés qui tiraient à bout portant sur des militaires américains assistant les forces de sécurité afghanes à Kunduz. Le bombardement a été mené à proximité de l’installation de Médecins sans Frontière», a-t-il été admis dans le communiqué.
«Toutes les indications révèlent que le bombardement a été mené par les forces de le coalition internationale», a affirmé MSF dans un communiqué. «MSF demande un rapport complet et transparent de la part de la coalition, concernant ses activités de frappes aériennes, samedi matin, dans le ciel de Kunduz».
Le Comité de la Croix Rouge a indiqué que deux de ses employés travaillaient étroitement avec l’établissement de MSF à Kunduz, mais qu'ils n’ont pas été blessés lors du bombardement.
D’après le nouveau bilan de l’ONG MSF, 12 membres du personnel et au moins 7 patients ont été tués dans le bombardement de l’hôpital afghan.
Le secrétaire américain de la Défense, Ashton Carter, indique que Washington tente toujours de déterminer ce qu'il s’est passé lors du bombardement qui a touché l’hôpital afghan. «Une enquête est en cours, dans le cadre de cet incident tragique. Elle se fait en coordination avec le gouvernement du pays», a-t-il annoncé dans un communiqué.
D’après le ministre, la zone autour de l’hôpital a été le théâtre d'intenses combats ces derniers jours, durant lesquels les forces américaines soutenant l’armée afghane luttaient contre les combattants talibans.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a qualifié samedi le bombardement de l’hôpital à Kunduz de «tout à fait tragique, inexcusable et même probablement criminel», appelant à une enquête transparente.
«Les planificateurs internationaux et afghans ont l'obligation de respecter et de protéger les civils en permanence. Les installations médicales et le personnel doivent faire l'objet d’une protection spéciale. Ces obligations sont applicables indépendamment des forces aériennes impliquées et quel que soit le lieu de l’accident», a-t-il expliqué.
Amnesty International a condamné le bombardement de l’hôpital, estimant que le coût humain était déplorable et que l’affaire nécessitait une investigation urgente et impartiale.
«Le bombardement de l’hôpital de MSF marque un jour sombre pour l’humanitarisme. Des médecins et d’autres membres du personnel ont dû payer de leur vie alors qu’ils sauvaient celles des autres. Les hôpitaux sont des lieux saints selon la loi internationale applicable au conflit», a affirmé Horia Mosadiq, spécialiste de l'Afghanistan à Amnesty International.
Le général John Campbell, le commandant des forces américaines en Afghanistan, s’est excusé devant le président du pays Ashraf Ghani après le bombardement de l’hôpital de Kunduz, a fait savoir le bureau du président afghan, cité par Reuters.
Le spécialiste du Moyen-Orient Willy van Damme a appelé les Etats-Unis à admettre leur faute : avoir lancé un missile sur un hôpital. Selon l’expert, aucune autre personne ne pourrait être tenue responsable.
«Ils connaissaient très bien les coordonnées géographiques, elles avaient été communiquées plusieurs fois à l'OTAN et aux États-Unis par MSF. Si j'étais un général de l'armée américaine ou Barack Obama, j'aurais admis ce qui s'était passé au lieu de dire «nous menons l'enquête». Il n'y a qu'une seule armée de l'air sur place. Il n'y a pas d'armée de l'air chinoise ou talibane», a-t-il expliqué à RT.
L’ONG MSF a rapporté sur Twitter la mort de 16 personnes, dont 9 membres du personnel et 7 patients. Parmi eux, 3 étaient des enfants. Selon l'organisation, 37 personnes sont gravement blessées, dont 5 dans un état critique.
Un responsable des Médecins sans Frontières a indiqué que l’ONG avait essayé, en pleine panique, d’appeler l’OTAN pendant presqu'une heure, alors que l'hôpital était bombardé, supposément par l'armée américaine, a rapporté l’agence Reuters.
Le responsable, qui a demandé à rester anonyme, a indiqué que la première bombe avait atterri à 2h10 et le personnel de MSF a ensuite appelé les représentants de l'OTAN à 2h19 et l'état-major américain quelques minutes plus tard. Le bombardement a néanmoins continué jusqu'à 3h13.
RT France a obtenu une vidéo montrant les ruines de l’hôpital touché par le bombardement.
Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l'Afghanistan, Nicholas Haysom, a condamné le «bombardement tragique et dévastateur» de l’hôpital en appelant tous les belligérants du conflit à «respecter et protéger le personnel médical et humanitaire ainsi que les installations».
«Les hôpitaux qui accueillent des patients et du personnel médical ne peuvent jamais faire l’objet d’une attaque, et la loi internationale humanitaire interdit aussi l’utilisation des installations médicales à des fins militaires», a-t-il annoncé exprimant dans le même communiqué ses condoléances aux patients, aux familles et aux amis des médecins de MSF victimes de l'attaque.
Selon un nouveau bilan communiqué par MSF, neuf employés ont été tués et 37 personnes gravement blessées dans le bombardement de l'hôpital. De nombreux patients et membres du personnel sont également portés disparus à la suite de cette frappe, a précisé MSF samedi. Au moment du bombardement, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, étaient présents dans le centre de soins.
Selon l'Otan, dont les frappes aériennes ont soutenu l'armée afghane dans sa contre-offensive à Kunduz, une frappe américaine a été menée pendant la nuit contre des «personnes qui menaçaient les forces de la coalition» et elle «pourrait avoir engendré des dommages collatéraux dans un centre médical qui se trouvait à proximité».
MSF, qui s'est également exprimé sur le sujet, a dit souhaiter que «toute la lumière sur l’attaque soit faite rapidement». L'ONG a affirmé avoir prévenu les armées américaines et afghanes que le bâtiment avait été touché par une première frappe pendant la nuit, mais que les bombardements avaient néanmoins continué «pendant plus de 30 minutes».
Le centre de soins de MSF a apporté une aide cruciale à la population civile depuis lundi et la prise de Kunduz par les talibans, puis la contre-offensive des forces de sécurité afghanes. C'est le seul hôpital dans cette région du nord de l'Afghanistan capable de traiter des grands blessés.
«MSF a traité 394 blessés depuis lundi», a expliqué Dr Bart Janssens, directeur des opérations de l'ONG. «Nous sommes profondément choqués par cette attaque», a-t-il ajouté.
Kunduz, verrou stratégique du nord de l'Afghanistan, a été cette semaine le théâtre d'âpres combats entre les talibans et les forces de sécurité afghanes, qui ont repris le contrôle de la ville jeudi.
La Croix Rouge s’active
Dans une interview à RT, Neha Thakkar, responsable des médias du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a indiqué que l’organisation avait déjà entamé des conversations avec différentes parties du conflit. Mais aussi avec son homologue de MSF afin d'examiner la situation.
D’après la représentante du CICR, cet incident est très inquiétant puisqu'il «représente une violation de la loi humanitaire internationale ce qui aura un effet sur la capacité de MSF et du CICR d’atteindre les gens ayant vraiment besoin de soins médicaux en Afghanistan».
Thakkar a également souligné que les discussions concernant l’évacuation du personnel sont en cours. Mais elle n’est pas au courant de la décision exacte. «Lorsqu’on veut fournir l’attention médicale aux gens affectés par le conflit et si, dans le même temps, les installations hospitalières sont ciblées, cela rend notre travail impossible», a-t-elle expliqué ajoutant que l’organisation cherche la meilleure solution pour assurer la sécurité de son personnel et le bien-être du peuple afghan.