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60% des Français partis faire le djihad entre 1986 et 2011 auraient récidivé à leur retour

D'après une enquête du Centre d'analyse du terrorisme, six Français sur dix partis faire le djihad entre 1986 et 2011 «ont été condamnés en France ou à l'étranger postérieurement à leur retour pour des infractions terroristes».

Selon une étude du Centre d'analyse du terrorisme (CAT) sur la base de statistiques judiciaires, publiée ce 21 juillet par le journal Le Figaro et dont l'AFP a obtenu une copie, quelque 60% des Français partis faire le djihad entre 1986 et 2011 en Afghanistan, Bosnie ou Irak, ont récidivé à leur retour.

D'après cette analyse, six «revenants» sur dix «ont été condamnés en France ou à l'étranger postérieurement à leur retour pour des infractions terroristes distinctes de leur seul séjour sur zone».

Ces infractions vont de l'attentat au projet d'attentat, en passant par le soutien logistique ou financier à un réseau terroriste et le séjour sur un autre théâtre d’opérations. La contribution du CAT a été fournie au Sénat dans le cadre de l’examen de la proposition de loi instaurant des mesures de sûreté à l’encontre des auteurs d’infractions terroristes.

Une étude portant sur 166 «revenants»

L'étude du Centre d'analyse du terrorisme documente un total de 166 djihadistes partis en Afghanistan (90 entre 1986 et 2011), en Bosnie (60 entre 1992 et 1995) et 16 en Irak (entre 2003 et 2006), dont 150 ont survécu. Les pourcentages de ce que le CAT appelle non pas la récidive mais le «réengagement» atteignent des sommets : 100% pour les «Irakiens», 72% pour les «Afghans» et 39% pour les «Bosniaques».

Les Français partis rejoindre le groupe Daesh en Irak et en Syrie, nombreux dans la période du califat (2014-2019), et qui dominent les débats publics aujourd'hui ne sont pas pris en compte. Aucune étude globale n'existe à ce jour sur leur cas, ce qui souligne l'absence de recul historique, fait ainsi valoir le CAT.

«Le caractère récent des filières djihadistes syro-irakiennes et de leur traitement judiciaire [près de 600 personnes jugées depuis 2014, dont la majorité est encore en détention] ne permet pas de porter une appréciation pertinente sur le risque de récidive de la part de ces personnes», rapporte également l'AFP selon le document publié par le centre d'analyse.

Le CAT réaffirme par ailleurs combien le milieu carcéral reste «l'un des défis majeurs auxquels la France doit faire face pour enrayer la "contagion radicale"», soulignant de plus que 120 détenus radicalisés devront être suivis à leur sortie de prison d'ici à 2022. Il estime indispensable le renforcement des mesures prévues dans la proposition de loi pour la surveillance, avant leur libération, des détenus condamnés pour terrorisme.

«Concernant le projet de loi débattu aujourd'hui au Sénat, on va encore plus loin dans le surenchère administrative. Puisque désormais, la loi va permettre à l'autorité judiciaire ou administrative de prononcer non plus une [simple] rétention de sûreté, mais également le placement sous surveillance électronique d'un détenu qui a été condamné pour terrorisme», a expliqué à RT France l'avocat Nabil Boudi.

Le Centre d'analyse du terrorisme préconise également que la mesure de sûreté proposée à l'issue de la peine (cinq ans en matière correctionnelle et 10 ans en matière criminelle) soit remplacée par une reconduction annuelle sans durée maximale. Et qu'elle soit étendue aux auteurs d'apologie et de provocation à des actes de terrorisme.