L'Allemagne, un des pays jusqu'ici les plus épargnés en Europe par le nouveau coronavirus, a renforcé le 16 juillet son dispositif de lutte contre la pandémie face au risque d'une deuxième vague importée par des vacanciers de retour de congés. Les autorités allemandes vont pour cela instaurer des mesures de confinement durcies au niveau local en cas d'apparition d'un pic de contamination.
Gouvernement et Etats régionaux se sont entendus pour que des «interdictions de sortie» soient décrétées au niveau de zones géographiques limitées pour les habitants qui seraient reconfinés après l'apparition d'un foyer de Covid-19, a annoncé la chancellerie. Concrètement, sauf nécessité absolue, ils ne pourront plus quitter la zone géographique confinée.
Fin de l'autodiscipline ?
Il s'agit d'une nouveauté dans le pays, qui jusqu'ici avait une définition assez souple des confinements basés largement sur l'autodiscipline et la bonne volonté. Même au pic de la contamination en mars et avril, la plupart des Allemands, à l'exception des Bavarois, n'étaient pas strictement confinés chez eux comme les Italiens, les Espagnols ou les Français. La nouvelle mesure ne concernera pas toutefois des cantons entiers, comme ce fut un temps envisagé, mais des périmètres plus restreints.
Des restrictions de la mobilité non nécessaire
«Des restrictions de la mobilité non nécessaire» seront appliquées «dans le sens des entrées et des sorties» des zones concernées, indique l'accord. Dans la pratique, le chef de la chancellerie, Helge Braun, a précisé que l'armée allemande serait sollicitée lors de ces confinements locaux qui seront mis sur pied «plus vite, sur un espace plus restreint, et plus précisément».
La Bundeswehr sollicitée
Les soldats de la Bundeswehr seront par exemple mis à contribution pour tester la population confinée à un endroit donné, a-t-il déclaré sur la chaîne publique ZDF. Cela permettra, a-t-il assuré, de restreindre ces confinements à une durée de quelques jours seulement.
Relativement épargnée par la pandémie jusqu'ici, l'Allemagne s'inquiète d'une seconde vague de virus, alimentée par le reconfinement, le mois dernier, de plus de 600 000 habitants de deux cantons de Rhénanie du Nord-Westphalie en raison d'un foyer important de contamination dans un immense abattoir.
Et tous les regards se tournent aujourd'hui vers les plages du pourtour méditerranéen, particulièrement appréciées par le bon nombre d'Allemands qui s'y rendent chaque été, notamment à Majorque.
Les «comportements inconscients» pointés du doigt
Si la principale île de l'archipel espagnol des Baléares est loin, cette saison, de connaître l'affluence des dernières années, elle inquiète Berlin depuis que des jeunes Allemands y ont été vus le week-end dernier, alcoolisés et en train de faire la fête, sans la moindre précaution sanitaire. Les images des bars à bière de la côte sud de l'île remplies d'Allemands qui ne portaient pas de masque ont suscité les remontrances de plusieurs ministres, notamment du chef de la diplomatie qui s'en est pris «aux comportements inconscients» de certains vacanciers.
Nous venons juste de réussir à rouvrir les frontières en Europe
«Nous venons juste de réussir à rouvrir les frontières en Europe», a rappelé Heiko Maas dans un entretien à la presse régionale. «Nous ne devons pas risquer [une nouvelle fermeture] par des comportements inconscients. Sinon de nouvelles restrictions seront inévitables», a averti le responsable.
«Nous devons faire très attention» à ce que les Baléares ne «deviennent pas un second Ischgl», cette station de ski autrichienne devenue l'hiver dernier un important foyer européen de contamination au Covid-19, a également prévenu le ministre de la Santé, Jens Spahn.
Les autorités de l'île préférée des touristes germaniques devant la Crète et Rhodes ont depuis serré la vis et décrété la fermeture des bars du «Ballermann», une longue esplanade prisée des Allemands, ainsi que de Magaluf, haut-lieu du tourisme fêtard et excessif britannique, à l'ouest de la capitale, rapporte la presse allemande.
Avec 9 078 morts, l'Allemagne fait figure jusqu'ici de «bon élève» dans la lutte contre la pandémie, un statut qui s'explique, entre autres, par une politique de tests massifs sur la population, et un maillage hospitalier important dans les régions.