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Ivan Safronov, conseiller du directeur de Roscosmos, inculpé pour haute trahison

Accusé d'avoir fourni des renseignements classifiés à la République tchèque, l'ancien journaliste Ivan Safronov a été inculpé pour haute trahison. De son côté, le milieu journalistique russe dénonce ces accusations et exprime son soutien.

Ivan Pavlov, l'avocat de l'ancien journaliste Ivan Safronov devenu conseiller du directeur de l'agence spatiale russe Roscosmos, a rapporté à l'agence de presse russe TASS que le tribunal moscovite de Lefortovo avait officiellement mis en accusation son client. «Mon client a été inculpé en vertu de l'article 275 du Code pénal russe [haute trahison]. Il a plaidé non coupable», a fait savoir Ivan Pavlov.

L'ancien journaliste, qui a travaillé pour deux quotidiens russes de référence, Vedomosti et Kommersant, est accusé d'avoir «collecté et transmis des secrets d'Etat sur la coopération militaire et technique, la défense et la sécurité de la Russie» à «un service de renseignement d'un pays de l'OTAN». Arrêté le 7 juillet pour suspicion de trahison, Ivan Safronov a été placé en garde à vue jusqu'au 6 septembre et encourt jusqu'à 20 ans de prison, selon l'agence de presse TASS.

Selon les services de renseignement russes (FSB) cités par l'agence de presse, le suspect aurait été recruté en 2012 et il aurait fourni cinq ans plus tard aux agences de renseignement tchèques des informations sur les livraisons d'armes russes au Moyen-Orient et en Afrique. Ces informations auraient ensuite été transmises aux Etats-Unis, toujours selon le FSB.

Le milieu journalistique mobilisé

Tandis que la communauté journalistique russe est vent debout contre l'arrestation d'Ivan Safronov, de son côté, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé que l'arrestation d'Ivan Safronov n'avait «rien à voir avec son activité journalistique».

Depuis l'arrestation d'Ivan Safronov, plusieurs journalistes russes ont fait part de leurs  préoccupations quant à la gravité de l'accusation et dénoncent l'absence de transparence dans l'enquête.

Parmi les premiers à avoir exprimé leur indignation, la rédaction du journal Kommersant a publié un message de soutien à Ivan Safronov, dénonçant des accusations «absurdes» et saluant «un des meilleurs journalistes du pays», «un grand professionnel» et «un véritable patriote». 

Plus tard, c'est la rédactrice en chef de RT, Margarita Simonian, qui a commenté la situation en espérant obtenir une explication claire quant aux accusations qui pèsent sur Ivan Safronov. «Qui a lu l'article sur la "Haute trahison"? Lisez-le. En vertu de cet article, vous pouvez mettre en prison une longue liste de journalistes russes. Les rédactions de Meduza ou divers projets de la BBC en entier. Et cela en pleine conformité avec la loi», a-t-elle écrit sur sa chaîne Telegram.

Le 8 juillet, l'Union des journalistes de Russie a adressé au FSB une demande afin d'obtenir des informations sur le lien entre la détention du conseiller du directeur de l'agence spatiale russe Roscosmos et ses activités journalistiques professionnelles, selon l'agence Tass.

Enfin, le 7 juillet, peu de temps après l'interpellation d'Ivan Safronov, une série de manifestations en soutien à l'ancien journaliste ont été organisées près du siège du FSB. Les manifestants, une vingtaine, ont été interpellés par les forces de l'ordre. Le service de presse du ministère de l'Intérieur de Moscou a expliqué à l'agence TASS que les manifestants avaient violé la loi relative aux réunions, rassemblements, manifestations, marches et piquets de grève.