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Ouïghours : Pékin dénonce une «grave ingérence» américaine et riposte aux sanctions de Washington

La tension est montée d'un cran entre la Chine et les Etats-Unis après la mise en place par Washington de sanctions visant plusieurs dirigeants chinois au sujet du traitement de la minorité ouïghoure en Chine. Pékin a annoncé des représailles.

«Nouvelle escalade Pékin-Washington» : comme le rapporte l'AFP, la Chine a annoncé ce 10 juillet des représailles contre les Etats-Unis, au lendemain de sanctions américaines contre plusieurs dirigeants chinois, accusés de réprimer la minorité musulmane ouïghoure du Xinjiang, vaste région semi-désertique d'environ 25 millions d'habitants située dans le nord-ouest de la Chine. 

«La Chine a décidé de prendre des mesures de réciprocité vis-à-vis des organisations et individus américains qui se sont mal comportés sur les questions relatives au Xinjiang», a déclaré Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. «Cette initiative américaine constitue une grave ingérence dans les affaires intérieures de la Chine [...] et porte gravement atteinte aux relations sino-américaines», a encore souligné le haut diplomate chinois. 

«Aujourd'hui, j'ai désigné trois hauts responsables du Parti communiste chinois dans le Xinjiang pour des violations flagrantes des droits de l'homme, les rendant ainsi, eux et les membres de leur famille immédiate, interdits d'entrée aux Etats-Unis», avait fait savoir le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo le 9 juillet sur Twitter.

Comme le rapporte l'AFP, les douanes américaines avaient annoncé quelques jours plus tôt avoir intercepté «une cargaison de produits à base de cheveux humains, suspectés d'avoir été conditionnés dans des camps de travail de la région».

La question du Xinjiang

En tout état de cause, conformément à la ligne interventionniste en matière de politique étrangère appliquée par l'administration américaine de part et d'autre du globe, Washington a infligé ces sanctions sur la base d'allégations portées par plusieurs entités économiques et politiques occidentales, à l'image par exemple de la campagne menée activement en France par l'eurodéputé social-démocrate Raphaël Glucksmann.

La région du Xinjiang, dans laquelle les Ouïghours, très majoritairement musulmans, constituent la moitié de la population, a longtemps été frappée par des attentats meurtriers attribués à des indépendantistes ou des islamistes. De ce fait, le Xinjiang fait l'objet depuis quelques années d'une très ferme reprise en main par les autorités chinoises.

Des organisations de défense des droits de l'homme accusent Pékin d'avoir fait interner jusqu'à un million de musulmans, principalement d'ethnie ouïghoure, dans des camps de la région au nom de la lutte antiterroriste. Pour sa part, la Chine dément ce chiffre et affirme que ces personnes sont emmenées dans des centres de formation professionnelle, destinés à les aider à trouver un emploi afin de les éloigner de la tentation de l'extrémisme.