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Le chef de la marine ukrainienne évoque une guerre contre la Russie, une «bêtise» selon Moscou

Les déclarations du commandant en chef de la Marine ukrainienne concernant une possible guerre avec la Russie pour la reconquête de la Crimée témoigne d'un retour à la rhétorique belliciste de Kiev. Moscou qualifie ses propos de «bêtise».

Dans une interview à un média en ligne Doumskaïa.net, le commandant en chef de la Marine ukrainienne Alexeï Neijzpapa a déclaré, le 6 juillet, que l’Ukraine s’apprêtait à «récupérer» la Crimée et se préparait à une guerre contre la Russie. «Il y aura beaucoup de pertes, tant parmi nos soldats que parmi les civils», a-t-il affirmé.

Le prétexte pour cette guerre serait, toujours selon lui, les ressources stratégiques en eau douce. La péninsule de Crimée étant entourée par la mer Noire, le haut responsable craint une possible attaque de l'armée russe dans la région de Kherson (sud de l'Ukraine) afin de relancer le transit de l’eau du fleuve Dniepr par le canal de Crimée du Nord. Si auparavant, l’Ukraine assurait jusqu’à 85% des besoins de la Crimée en eau douce via ce canal, après la réunification de la péninsule avec la Russie en corollaire du référendum en 2014, Kiev a coupé l’approvisionnement. 

Alexeï Neijzpapa a également mentionné le système ukrainien de missiles Neptune qui, selon lui, peut «atteindre» la ville criméenne de Sébastopol depuis l'Ukraine continentale. Ce même genre de menaces a déjà été exprimé en juillet dernier, lorsque l'ancien secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense du pays, Alexander Turtchinov, a déclaré dans une interview que les Neptune peuvent détruire le pont de Crimée en quelques minutes seulement. 

C’est vraiment bête, cela ne fait qu’attiser l’hystérie antirusse en Ukraine

Le Kremlin a réagi tout de suite à ces allégations. «C’est vraiment bête, cela ne fait qu’attiser l’hystérie antirusse en Ukraine qui malheureusement ne contribue aucunement à l'amélioration de la situation dans le sud-est [de l'Ukraine]», a indiqué le porte-parole du président russe Dmitri Peskov, le 6 juillet. 

Le député de la Douma d'Etat Viatcheslav Nikonov a, de son côté, considéré que ce genre de déclarations était soit une provocation, soit une preuve du manque d’intelligence de son auteur.

Deux jours après l'interview, le commandant des forces conjointes des forces armées ukrainiennes, Serguei Naiev, a déclaré qu'Alexei Neijpapa aurait exagéré la probabilité d'une menace de la part des troupes de la Fédération de Russie du côté de la Crimée.

«Le commandant des forces navales des forces armées d'Ukraine, le contre-amiral Neijpapa a accordé une interview aux médias régionaux et il a partagé sa vision de la situation [...]. Concernant ses propos, on peut les qualifier d'exagérés pour le moment», a-t-il déclaré cité par l'agence Interfax Ukraine.

Nayev a souligné qu'il n'y a actuellement aucune menace immédiate d'invasion des troupes de la Fédération de Russie sur le territoire Ukrainien. Il a toutefois assuré que le commandant en chef des forces armées et le chef d'état-major général reçoivent tous les renseignements nécessaires.  

L'ultime épisode en date d'un affrontement armé entre la Russie et l'Ukraine en mer remonte à 2018, quand lorsque trois navires de la marine ukrainienne ont tenté de passer sous le pont de Crimée dans le détroit de Kertch. La Russie accusant les navires ukrainiens d'entrer illégalement dans ses eaux territoriales a alors bloqué le passage en plaçant un cargo sous le pont. Les navires ukrainiens ont néanmoins poursuivi leur route et une confrontation a éclaté, la Russie tirant et saisissant les navires ukrainiens. Selon différents rapports, trois à six membres d'équipage ukrainiens furent blessés. Les Russes firent 24 prisonniers, dont deux membres des services secrets ukrainiens.