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La France suspend sa participation aux opérations maritimes de l'OTAN en Méditerranée

Froissée par l'attitude de l'OTAN face à un incident ayant impliqué le 11 juin des navires français et turcs lors d'une opération de contrôle sur les livraisons d'armes à la Libye, la France suspend sa participation à ces opérations de l'Alliance.

Dans une décision rare, la France a fait savoir à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) qu'elle suspendait sa participation à toute opération de l'Alliance dans la partie orientale de la Méditerranée. Et ce jusqu'à l'obtention de réponses à des «demandes» concernant ses frictions avec la Turquie, a fait savoir ce 1er juillet le ministère français des Armées.

En attendant d'avoir obtenu satisfaction, «nous avons décidé de retirer temporairement nos moyens de l'opération Sea Guardian», a poursuivi le ministère lors d'un point presse téléphonique. «Il ne nous parait pas sain de maintenir des moyens dans une opération censée, parmi ses différentes tâches, contrôler l'embargo avec des alliés qui ne le respectent pas», a fait valoir le ministère, visant explicitement la Turquie, membre de l'Otan au même titre que la France.

Selon l'Opinion, la représentante permanente de la France auprès de l’OTAN Muriel Domenach a en effet envoyé le 30 juin un courrier en ce sens au secrétaire général Jens Stoltenberg. Une résolution en réaction aux suites données par l'organisation militaire – que la France juge peu sévères envers Ankara – à un incident ayant impliqué le 11 juin des navires français et turcs lors d'une opération de contrôle de l'embargo sur les livraisons d'armes à la Libye. Selon Paris, un navire français participant à cette mission de l'OTAN avait fait l'objet d'une manœuvre «extrêmement agressive» de la part de frégates turques.

Alors que la frégate française cherchait à identifier un cargo soupçonné de transporter des armes vers la Libye, «les frégates turques interviennent et illuminent le Courbet à trois reprises avec leur radar de conduite de tir», ce qui constitue «un acte extrêmement agressif», avait décrit le ministère des Armées juste avant une vidéoconférence des ministres de la Défense de l'alliance Atlantique, le 17 juin. «Cette affaire est à nos yeux très grave [...]. On ne peut pas accepter qu'un allié se comporte comme cela, fasse cela contre un navire de l'OTAN sous commandement OTAN menant une mission OTAN», faisait valoir Paris, en prévenant que la ministre des Armées Florence Parly allait «mettre les points sur les i» lors de cette réunion sur «l'attitude turque dans le conflit libyen».

Le lendemain, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg avait promis d'«enquêter afin de clarifier la situation et faire toute la lumière» sur l'incident dénoncé par la France. L'ambassadeur de Turquie en France a affirmé ce 1er juillet que l'enquête menée par l'OTAN ne confirmait pas les accusations lancées par Paris contre Ankara.

Cette décision française de suspension intervient dans un contexte de tensions toujours vives entre Paris et Ankara, notamment autour de la situation en Libye. Le 29 juin, Emmanuel Macron a une nouvelle fois tancé les autorités turques, estimant que la Turquie avait une «responsabilité criminelle» en Libye. Une semaine plus tôt, le président français avait évoqué le «jeu dangereux» de la Turquie en Libye, y voyant une menace directe pour la région et pour l'Europe. Selon lui, le récent incident naval entre Paris et Ankara illustrait d'ailleurs la «mort cérébrale de l'OTAN». La Turquie avait alors rétorqué : «Par le soutien qu'elle apporte depuis des années aux acteurs illégitimes, la France a une part de responsabilité importante dans la descente de la Libye dans le chaos. De ce point de vue, c'est en réalité la France qui joue un jeu dangereux», par la voix de son porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hami Aksoy.