Facebook s'engage dans un tournant sur la modération des contenus. Le réseau social va interdire davantage de types de messages haineux dans les publicités et prévoit d'ajouter des avertissements aux publications jugées problématiques qu'il laisse en ligne.
Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a annoncé vendredi 26 juin que la plateforme retirerait désormais les publicités qui affirment que les personnes de certaines origines, ethnies, nationalités, genres ou orientations sexuelles représentent une menace pour la sécurité ou la santé des autres, a indiqué le patron dans un texte publié sur son profil Facebook.
Le réseau fait face depuis plusieurs semaines à une pression croissante de la part d'activistes, ainsi que d'une partie de ses employés, utilisateurs et clients, visant à modérer de façon plus intransigeante les contenus jugés haineux. Des organisations de la société civile américaine, dont la Ligue antidiffamation (ADL) et l'Association nationale pour l'avancement des personnes de couleur (NAACP) ont ainsi appelé les annonceurs à boycotter Facebook en juillet afin d'obtenir une meilleure régulation des groupes qui incitent à la haine, au racisme ou à la violence. Le géant de l'agroalimentaire et des cosmétiques Unilever, la société américaine de télécoms Verizon, le glacier Ben & Jerry's (Unilever), les fabricants d'articles de loisirs en plein air Patagonia, North Face et REI, ainsi que l'agence de recrutement Upwork ont répondu par l'affirmative.
Mark Zuckerberg a assuré que les mesures prises venaient «directement de retours de la part d'organisations de défense des droits». «Les élections de 2020 s'annonçaient déjà bouillantes, et c'était avant de faire face aux complexités additionnelles liées à la pandémie et aux manifestations pour la justice raciale dans tout le pays», a-t-il remarqué en préambule. Il s'est engagé à ce que ses équipes soient mobilisées pour contrer toute manœuvre de suppression du vote (notamment des minorités).
Création d'un «avertissement» pour certains contenus
Mark Zuckerberg est également revenu, sans le mentionner explicitement, sur l'incident qui a suscité une levée de boucliers contre son réseau. Contrairement à Twitter, Facebook a refusé d'intervenir sur des messages polémiques du président des Etats-Unis, fin mai : un sur le vote par correspondance qu'il assimilait à de la fraude électorale ; et un autre sur les manifestations et émeutes qui ont suivi la mort de George Floyd, un Afro-Américain asphyxié par un policier blanc à Minneapolis. Twitter avait choisi de masquer les propos du président et de réduire leur circulation potentielle, tout en les laissant disponibles à la consultation.
Facebook sort désormais de sa politique du «retrait ou rien» et adopte une position à mi-chemin. «Les utilisateurs pourront partager ces contenus pour le condamner […] mais nous ajouterons un avertissement pour dire aux gens que le contenu qu'ils partagent peut enfreindre nos règles», a précisé Mark Zuckerberg.