L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait savoir, le 17 juin, qu’elle renonçait à poursuivre les essais concernant l’antipaludéen hydroxychloroquine, s’appuyant sur les résultats actuels des études Solidarity (un essai clinique international lancé par l'Organisation mondiale de la Santé et ses partenaires), Discovery et Recovery.
«Les preuves internes apportées par l'essai Solidarity/Discovery, les preuves externes apportées par l'essai Recovery et les preuves combinées apportées par ces deux essais largement aléatoires, mises ensemble, suggèrent que l'hydroxychloroquine – lorsqu'on la compare avec les traitements habituels des patients hospitalisés pour le Covid-19 – n'a pas pour résultat la réduction de la mortalité de ces patients», a souligné Ana Maria Henao Restrepo, docteur à l’OMS, lors d’une visioconférence de presse depuis Genève.
Elle a précisé : «Sur la base de ces analyses et de l'étude des preuves produites [...], après délibérations, il a été conclu que l'arme de l'hydroxychloroquine sera retirée de l'essai Solidarity.»
Des études critiquées par le professeur Didier Raoult
D’après Recovery, l’essai clinique lancé par l’université d’Oxford au Royaume-Uni, qui avait révélé ses résultats sur la molécule le 5 juin, l'hydroxychloroquine ne présente «pas de bénéfice» dans le traitement des «patients hospitalisés et porteurs du Covid-19».
Une étude mise en doute par le professeur Didier Raoult de l’IHU Méditerranée Infection de Marseille, figure de proue de la communauté scientifique dans la défense de l'hydroxychloroquine. Le 16 juin sur Twitter, celui-ci s’est dit «choqué» par le nombre de décès relevés dans l’étude en comparaison à ses propres résultats dans la cité phocéenne.
Il a également accusé le professeur Martin Landray, chercheur en chef de Recovery et Peter Horby, coresponsable de l’essai, de «n’avoir pas informé le public du taux de mortalité dans chacun des sous-groupes […] traités à l'hydroxychloroquine» afin d’«obtenir des résultats significatifs dans le groupe traité à la dexamethasone», le stéroïde mis en lumière par Recovery, le 16 juin, comme potentiel traitement au Covid-19.
Quelques jours plus tôt, le 9 juin, Didier Raoult avait mis en ligne une vidéo pointant certaines limites, selon lui, de l’étude britannique, et plus globalement des essais cliniques face au Covid-19. Ses critiques visaient principalement «des essais qui ont été faits avant de commencer à comprendre la maladie» mais également les doses prescrites, bien supérieures aux siennes, d’après lui. «Nous donnons la dose […] de 600mg/jour […] En France, l’essai Discovery utilise une dose plus basse, 400mg/jour, et Recovery utilise une dose que personne n’a jamais utilisée de 2,4g le premier jour, soit quatre fois la dose [initiale]», avait-il alors regretté.
En revanche, en France toujours, l'annonce de l’OMS a fait le bonheur du médecin et entrepreneur Laurent Alexandre, qui s'est réjoui sur Twitter que «la mystification de Didier Raoult se termine».
Toutefois, Ana Maria Henao Restrepo a précisé que la décision de stopper les essais sur les patients infectés hospitalisés ne concernerait pas l’usage ou l’évaluation de l'hydroxychloroquine en tant que traitement préventif du Covid-19.
La France avait décidé, le 28 mai dernier, d’interdire l’usage de l'hydroxychloroquine dans le traitement du nouveau coronavirus.