La justice russe a condamné ce 15 juin à 16 ans de prison l'Américano-Britannique Paul Whelan pour espionnage. Le juge d'un tribunal de Moscou où se tenait le procès a précisé que Paul Whelan purgera sa peine dans «un camp à régime sévère», selon un journaliste de l'AFP présent sur place.
L'ancien marine de 50 ans, qui comparaissait détenu dans un box en verre lors de l'audience, brandissant une feuille sur laquelle était écrit «simulacre de procès», a clamé une fois de plus son innocence. Pourtant, Moscou souligne qu'il a été pris en «flagrant délit» d'espionnage.
Dès l'annonce du verdict, Paul Whelan a annoncé qu'il allait faire appel de cette décision et demandé au président américain Donald Trump d'intervenir en sa faveur.
«C'est un procès politique, un procès honteux. Nous avons prouvé mon innocence», a-t-il affirmé avant sa condamnation, ajoutant qu'il s'agissait d'une «sale affaire de politique russe, ni plus ni moins». «J'ai besoin que le président américain, le Premier ministre canadien, que l'Irlande et le Royaume-Uni agissent de manière décisive», a lancé Paul Whelan, qui possède également les nationalités irlandaise et canadienne. Pour l'accusation, Paul Whelan est un officier (au moins colonel) du renseignement américain très bien entraîné.
Il s'en est défendu, accusant les Russes de prétendre d'avoir «arrêté un James Bond en mission», alors qu'en réalité ils ont «kidnappé un mister Bean en vacances».
Paul Whelan avait été arrêté en décembre 2018 en plein «acte d'espionnage», selon les services de sécurité russes, le FSB.
L'accusé soutient avoir été piégé par une de ses connaissances qui lui a transmis une clé USB contenant ce qu'il pensait être des photographies prises pendant un séjour précédent en Russie en sa compagnie. Le parquet russe avait requis fin mai contre Paul Whelan 18 ans de prison, un peu moins que la peine maximale de 20 ans prévue pour ces accusations.
Vers un échange de prisonniers ?
L'avocat de l'accusé, Vladimir Jerebenkov, a soulevé de son côté après le verdict la possibilité que son client soit échangé contre deux Russes détenus aux Etats-Unis, le célèbre ex-vendeur d'armes Viktor Bout et le pilote Konstantin Iarochenko, détenu pour trafic de drogue. L'avocat avait déjà évoqué la possibilité d'un échange, mais cette possibilité avait été rejetée fin novembre 2019 par l'ambassade américaine à Moscou.
Sur la possibilité d'un échange de prisonniers, le vice-président de la commission des Affaires étrangères de la chambre basse du Parlement russe a cependant évoqué cette possibilité le 15 juin. «Un tel échange peut avoir lieu», a dit ce député, Alexeï Tchepa, à l'agence publique Ria Novosti, mais il faut «échanger [Whelan] contre les deux, à la fois Bout et Iarochenko».
Washington monte au créneau
Washington s'est indigné de la condamnation ce 15 juin également de la condamnation de Paul Whelan.
«Indigné par la décision prise aujourd'hui de condamner Paul Whelan sur la base d'un procès secret, avec des preuves gardées secrètes, et sans droits appropriés pour la défense. Le traitement réservé à Paul par les autorités russes continue d’être épouvantable et nous exigeons sa libération immédiate», a écrit le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo sur Twitter dès l'annonce de ce jugement.
Après le verdict, l'ambassadeur américain à Moscou John Sullivan s'est quant lui dit «déçu et outré» par cette condamnation.
Un «flagrant délit», rappelle Moscou
«Nous tenons à rappeler que Whelan a été appréhendé le 29 décembre 2018 à Moscou en flagrant délit alors qu'il accomplissait une mission d'espionnage», a déclaré de son côté la diplomatie russe dans un communiqué. Moscou a par ailleurs précisé que Paul Whelan avait pu bénéficier pleinement de ses droits, déclarant que «le personnel des missions diplomatiques des quatre pays dont il est citoyen a eu des contacts réguliers» avec lui. «Il avait la possibilité de communiquer avec sa famille par téléphone», précise le texte.
«En ce qui concerne les allégations d'injustice ou de sévérité excessive de la peine, il faut souligner qu'aux États-Unis, comme dans d'autres pays occidentaux, des actes similaires sont réprimés par une peine de plusieurs décennies de détention, jusqu'à l’emprisonnement à perpétuité, sans droit de grâce», a conclu Moscou.