Dans une affaire qui empoisonne les relations entre Moscou et Washington, le parquet russe a requis le 25 mai une peine de 18 ans contre Paul Whelan, un ex-marine américano-britannique jugé pour espionnage.
Paul Whelan, 50 ans et qui possède aussi les citoyennetés canadienne et irlandaise, avait été arrêté en 2018 «pendant qu'il commettait un acte d'espionnage», selon les services de sécurité russes, le FSB. Au terme d'un procès qui aura duré deux mois et s'est tenu à huis clos en raison des mesures de lutte contre le coronavirus, le parquet a requis 18 ans d'emprisonnement à l'encontre de Paul Whelan, a annoncé aux journalistes son avocat, Vladimir Jerebenkov.
Un «officier» du renseignement américain selon le procureur
«Pour être honnête, nous sommes sous le choc», a déclaré Vladimir Jerebenkov, selon qui Paul Whelan a réagi avec calme à cette réquisition «très dure». L'ex-marine américain, qui assure avoir été piégé, risquait jusqu'à 20 ans de prison au maximum. Le verdict sera rendu le 15 juin. Selon Vladimir Jerebenkov, le procureur est convaincu que Paul Whelan est «un officier – au moins un colonel – de l'agence de renseignement de la Défense américaine». L'accusé de son côté a assuré devant la cour «qu'il n'avait commis aucun acte d'espionnage et ne collectait aucune information secrète», selon son avocat.
«Dans un système juste, le tribunal acquitterait Paul en raison d'un manque de preuves. Mais nous nous attendons à un verdict injuste», avait souligné avant ces réquisitions dans un communiqué son frère, David Whelan. Sa famille «peut seulement espérer» que la peine sera plus proche du minimum prévu par la loi russe, où l'espionnage est passible de 10 à 20 ans de prison, ajoute le communiqué.
L'accusé dénonce sévices et mauvais traitements
Directeur de la sécurité d'un fabricant américain de pièces détachées dans le secteur automobile, Paul Whelan assure qu'il était en Russie pour un mariage au moment de son arrestation.
En appelant au président américain Donald Trump, il a dénoncé un procès biaisé. Lui et ses proches affirment qu'il n'a pas été correctement soigné d'une hernie et qu'il a subi de mauvais traitements en prison. En octobre dernier, Paul Whelan avait ainsi affirmé avoir été «menotté, tenu au sol par un garde, menacé d'un pistolet par un autre garde et agressé». Ces accusations ont été rejetées par les autorités russes.
«Paul est en prison sans qu'aucune preuve de sa culpabilité ne soit présentée», a dénoncé fin mars l'ambassadeur des Etats-Unis à Moscou, John Sullivan, soulignant espérer un «procès transparent et honnête [...], parce que toute personne, tout citoyen de tout pays du monde le mérite».