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Colonisation : le Parlement tunisien rejette un texte demandant des excuses à la France

Le Parlement tunisien a rejeté un texte présenté par un parti islamo-nationaliste qui demandait officiellement à la France de présenter des excuses à la Tunisie pour les crimes commis «pendant et après la colonisation».

Après plus de 15 heures de débats dans la nuit du 9 au 10 juin au Parlement tunisien sur une motion qui demandait officiellement à la France de présenter des excuses à la Tunisie pour les crimes commis «pendant et après la colonisation», le texte a recueilli 77 voix pour et 5 contre, loin des 109 voix nécessaires pour être voté.

La motion était présentée par la coalition Al Karama, parti islamo-nationaliste comptant 19 élus sur 217 députés qui en avait fait une promesse électorale lors des législatives d'octobre 2019. Ses élus se sont présentés au Parlement en arborant un t-shirt sur lequel était inscrit «Meurtre et torture, la brutalité du colonialisme français».

Le texte proposait d'exiger des excuses de l'Etat français ainsi que des indemnisations pour les «assassinats», «viols», «exils forcés d'opposants», le «pillage des ressources naturelles». Cela concernait «tous les crimes commis depuis 1881», date du début du protectorat, y compris le soutien français apporté au gouvernement tunisien sous la présidence de Zine el Abidine Ben Ali, lorsque celui-ci était aux abois début 2011.

Les centres culturels français mènent «une invasion culturelle qui détruit la morale et les valeurs», selon un élu

Le texte, présenté sans débat préalable ni travail de préparation, avait peu de chances de recueillir la majorité dans un Parlement très divisé.

Un élu issu d'Al Karama, Ridha Jaouadi, a également estimé que «les centres culturels de l'occupation française [étaient] plus dangereux que les bases militaires», les accusant de mener «une invasion culturelle qui détruit la morale et les valeurs» des Tunisiens. «Ils appellent au mariage homosexuel», a accusé cet ancien imam, limogé en 2015 de la principale mosquée de Sfax (est) par les autorités tunisiennes qui l'avaient qualifié d'extrémiste puis accusé de «collecte d'argent» sans autorisation.

«Ce n'est pas une demande de reconsidération de la Tunisie, mais plutôt une liste de règlements de comptes politiques», a fustigé de son côté l'élue anti-islamiste Abir Moussi.