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Tourisme : l'Italie rouvre ses frontières après plusieurs semaines de fermeture

Le 3 juin, l’Italie rouvre ses frontières et ses aéroports aux voyageurs de l’Union européenne, après une fermeture de plusieurs semaines en raison de l’épidémie de coronavirus. L'objectif est la relance du tourisme à l'approche de l'été.

Après un mois d'un prudent déconfinement, l'Italie rouvre ses frontières aux touristes européens ce 3 juin, nouveau pas vers la normalisation et la relance du tourisme à l'approche de l'été. «Le pays revient à la vie», a résumé le ministre des Affaires régionales Francesco Boccia, alors que les vols internationaux reprennent au moins dans trois grandes villes : Rome, Milan et Naples. A l'aéroport de Fiumicino, dans la capitale, une trentaine de vols internationaux sont prévus ce 3 juin. 

Ce jour de réouverture marque également le retour de la liberté de déplacement entre les 20 régions, du nord au sud de la péninsule, une mesure attendue avec impatience par les Italiens. Selon l'Agenzia Nazionale Stampa Associata (ANSA), la principale agence de presse italienne), cette réouverture entre les régions a donné lieu à des embouteillages, notamment à Messine, en Sicile pour embarquer sur des ferries vers le continent. «Le flux [des trains] est régulier», s'est félicité la ministre des transports Paola De Micheli, venue vérifier à la gare Termini de Rome les mesures sanitaires mises en place au départ des trains à grande vitesse.

La frontière entre la France et l'Italie a provoqué des bouchons de circulations vers le poste frontière de Menton sur la Côte d'Azur. Des journalistes de l'AFP ont constaté qu'une file d'automobilistes et un concert de klaxons rageurs ont suscité beaucoup d'énervement.

Cependant cette réouverture des frontières ne se fait pas sans accroc puisque la France n’a pas officiellement ouvert ses frontières avec ses voisins et les contrôles aux frontières sont toujours maintenues d'après les autorités françaises. Les équipes de RT France sont allées interroger des Français mécontents à Menton. «On peut y aller, mais on ne peut pas rentrer en France. Si c'est pour rester là-bas, ce n'est pas la peine», explique un homme à moto. Un autre homme s'indigne : «Vous pouvez passer du côté italien pour revenir il vous faudra une attestation internationale de circulation, une attestation de domicile, votre carte d'identité et un motif valable et non futile d'être allé en Italie, sans quoi vous risquez 135 euros d'amende.»

«L'objectif est de montrer à tous que l'Italie est prête à accueillir les étrangers, en sécurité» pour Di Maio

Giuseppe Bettoni, politologue à l’université Tor Vergata de Rome, a commenté cette réouverture pour RT France, expliquant que «le tourisme est fort important en Italie, c'est un des plus importants secteurs, ce n'est pas possible de le garder complètement fermé [...] C'est un secteur qui a eu déjà une perte géante de plusieurs milliards d'euros et qui va retrouver un équilibre non pas dans les semaines voire plusieurs mois à venir, mais au delà de la fin de 2020. Il faudra attendre le printemps de l'année prochaine pour pouvoir retrouver un secteur capable de revenir à 100% de son niveau.»

Encore traumatisée par ses 33 500 morts du Covid-19 en trois mois, l'Italie se déconfine progressivement depuis début mai. Commerces, cafés et terrasses ont rouvert, de même que la grande majorité des monuments et sites touristiques tels que la Basilique Saint-Pierre, le site de Pompéi, le Colisée à Rome, la tour de Pise, cathédrales de Milan et Florence, musées du Vatican...

La crise sanitaire n'est pas terminée

Pour autant, la crise sanitaire «n'est pas terminée» a prévenu le 2 juin, jour de Fête nationale, le président de la République Sergio Mattarella, qui a loué «l'unité» de son pays face à «l'ennemi invisible». En déplacement à Codogno, localité de Lombardie où était apparu mi-février le virus en Italie, il a appelé le pays à repartir, fort de la «solidarité et du courage» dont il a fait preuve en ces temps difficiles. L'Italie a imposé un verrouillage économique début mars et a vu depuis le nombre de contaminations chuter régulièrement. Si l'épidémie semble durablement maîtrisée, le pays doit à présent faire face à la plus grave récession depuis la Seconde guerre mondiale, et il a un besoin crucial de voir revenir les touristes (secteur comptant pour 13% du PIB).

L'enjeu dépasse largement les frontières italiennes, alors que l'Espagne, la Grèce et la France entendent elles aussi relancer leur secteur touristique en captant le plus de voyageurs étrangers. Inquiètes d'une possible reprise de l'épidémie depuis la Lombardie, un moment épicentre européen de la maladie, la Suisse et l'Autriche gardent leur frontière italienne fermée, suscitant le mécontentement de Rome.

Le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio va mener cette fin de semaine une série de rencontres avec ses homologues européens, et notamment le ministre français Jean-Yves Le Drian le 3 juin à Rome.

«L'objectif est de montrer à tous que l'Italie est prête à accueillir les étrangers, en sécurité et avec une transparence maximum des chiffres», a assuré Luigi Di Maio qui souligne qu'«accueillir les touristes signifie mettre en marche l'économie et donner la possibilité de travailler aux artisans, commerçants, entrepreneurs, hôteliers». Seuls 40 des 1 200 hôtels de Rome ont rouvert, indiquait le 1er juin le Corriere della Sera, et une douzaine seulement à Milan.

Quant au secteur agricole, grand consommateur de main d'œuvre étrangère, il s'est félicité, par la voix du syndicat Coldiretti, de cette réouverture des frontières qui permettra «à environ 150 000 travailleurs saisonniers, communautaires provenant de Roumaine, Pologne et Bulgarie d'entrer dans le pays sans être obligé d'observer la quarantaine».