Rome a pressé les pays européens à travailler de concert pour ranimer l'industrie touristique réduite à néant ou presque durant la pandémie. Partant, l'Italie s'est élevée contre d'éventuels accords bilatéraux entre Etats membres de l'Union européenne (UE) – même si la péninsule aurait projeté d'en conclure, selon la presse transalpine.
Il est fondamental que l'Italie accueille les touristes d'autres pays de l'Union européenne cet été.
«Nous devons faire redémarrer le pays et assurer la sécurité des Italiens. Pour cette raison, il est fondamental que l'Italie accueille les touristes d'autres pays de l'Union européenne cet été. Nous travaillons actuellement pour établir un plan concret et sans risque», a prôné le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio, lors d'un discours filmé du 18 mai.
Avant ces déclarations, le chef de la diplomatie italienne s'était entretenu en vidéo avec ses homologues d'autres pays de l'Union, au sujet de la relance du tourisme, gravement affecté par la pandémie. En Italie, cinquième destination mondiale, ce secteur clé a assuré 13,2 % du PIB en 2019, générant un chiffre d'affaires de 232,2 milliards d'euros.
«Nous nous sommes entendus pour travailler ensemble à l'organisation de la saison touristique. Il n'y aura pas de corridors touristiques basés sur des accords bilatéraux. C'est inacceptable et cela va à l'encontre de l'esprit de l'Europe», a-t-il poursuivi.
Christophe Castaner regrette des décisions unilatérales de Rome et Madrid
Ces déclarations semblent témoigner d'un revirement puisque Rome, très récemment, semblait désireux d'autoriser les flux croisés de touristes sans même attendre les décisions des autres Etats de l'Union. Les médias italiens avaient évoqué la possibilité que des accords soient signés avec l'Allemagne, la Russie et la Chine, sur le principe de ces fameux corridors, rebaptisés à l'époque «partenariats touristiques».
Durant le week-end, le Premier ministre italien Giuseppe Conte a annoncé que l'Italie autoriserait l'entrée aux touristes de l'Union européenne, en annulant la période de quarantaine de 14 jours, à partir du 3 juin. Alors que l'Espagne venait de prendre la même décision sans concertation, le ministre de l'Intérieur français Christophe Castaner a accusé Rome de dynamiter l'unité du bloc européen.
«Il est essentiel que nous puissions avoir des décisions coordonnées au niveau européen surtout sur l'infra-Schengen. Ce n'est pas le cas aujourd'hui», avait déploré le ministre français le 16 mai. «La décision unilatérale de l'Espagne, cette semaine, de l'Italie annoncée ce matin, ne conforte pas ce que nous devons faire pour travailler en solidarité», avait-il poursuivi, en expliquant qu'il s'entretiendrait avec son homologue pour adapter leurs décisions. Pour sa part, Bruxelles a plaidé pour une réouverture rapide des frontières intérieures de l'UE.
L'Italie est le second pays d'Europe le plus affecté par le Covid-19, avec un bilan de plus de 32 000 morts le 19 mai. Le 18 mai, il dénombrait 675 contaminations en 24 heures.