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Microsoft s'apprêterait à remplacer près de 30 journalistes par des «robots»

27 personnes employées par une agence de presse britannique auraient été informées de leur licenciement. Microsoft aurait décidé de confier à une intelligence artificielle l'édition des articles de presse sur certaines de ses pages d'accueil.

Le jour d'après semble non seulement précaire pour le salarié, mais aussi de plus en plus basé sur l'intelligence artificielle... Et le milieu du journalisme ne fait pas exception. Le quotidien britannique The Guardian rapporte le 30 mai qu'environ 27 journalistes devraient être remplacés par une intelligence artificielle (IA) pour assurer la sélection d'articles et leur édition et mise en page sur des pages d'accueil en anglais du site MSN et du navigateur Edge, vues par des millions de Britanniques chaque jour. Basée sur le témoignage des employés concernés, l'information est également reprise par la BBC, ainsi que le Seattle Times.

Ce personnel, employé par l'agence de presse britannique PA Media, gérait jusqu'à présent ces pages internet (propriété de Microsoft) et devrait être licencié d'ici un mois. Microsoft a donc mis fin au contrat avec PA Media, l'IA pouvant apparemment remplacer les humains pour sélectionner les articles et les éditer.

Un membre licencié ironise sur la situation : «Je passe tout mon temps à lire comment l'automatisation et l'IA vont occuper tous nos emplois, et, là, je vois que l'IA a pris mon travail.» Cette personne prévient que le choix de Microsoft reste risqué dans la mesure où l'humain pouvait respecter les consignes à la lettre pour la sélection de contenu, en garantissant que les internautes ne rencontrent pas de contenu violent ou inapproprié lors de l'ouverture de leur navigateur. Il précise que le journaliste pouvait aussi supprimer des reportages douteux ou mettre en avant du contenu de qualité, même si celui-ci provenait de petits médias.

Un porte-parole de PA media regrette également la décision de Microsoft : «Nous sommes en train de démanteler l'équipe Microsoft travaillant chez PA, et nous faisons tout notre possible pour soutenir les personnes concernées. Nous sommes fiers du travail que nous avons accompli avec Microsoft et savons que nous avons fourni un service de haute qualité.»

Le journalisme menacé par la robotisation ?

The Guardian s'inquiète de cette évolution dans la mesure où ces journalistes sont désormais confrontés à la difficile tâche de trouver des emplois ailleurs, alors que la tendance dans le milieu de la presse va globalement vers la réduction des coûts. Le quotidien britannique craint par ailleurs que d'autres équipes dans le monde soient affectées par la décision de Microsoft d'automatiser ses sites d'actualité.

Un porte-parole de Microsoft a pour sa part commenté : «Comme toutes les entreprises, nous évaluons régulièrement notre activité. Cela peut entraîner un investissement accru dans certains endroits et, de temps en temps, un redéploiement dans d'autres. Ces décisions ne sont pas le résultat de la pandémie actuelle.»

The Guardian précise qu'une course technologique a lieu pour miser sur l'IA en lieu et place de journalistes dans le domaine de la presse. Google financerait notamment des projets en ce sens.