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Politique migratoire italienne : Salvini a-t-il été visé par une manoeuvre politique de magistrats ?

Laissant supposer une manigance politique à l'encontre du chef de la Ligue, un échange privé entre deux hauts magistrats italiens a été divulgué par voie de presse. L'affaire remonte à 2018, quand Matteo Salvini était ministre de l’Intérieur.

Révélée le 21 mai dans la presse italienne, une conversation polémique aurait eu lieu sur WhatsApp en 2018. Elle impliquerait l'ex-membre du Conseil supérieur de la magistrature Luca Palamara – actuellement suspecté dans des affaires de corruption – et Paolo Auriemma, actuel procureur en chef de la ville de Viterbe.

Nous devons attaquer

Le présumé échange s'inscrit dans le contexte d'une offensive politique d'ampleur contre Matteo Salvini, alors ministre de l’Intérieur et déterminé à appliquer une politique anti-migratoire conforme à ses promesses électorales. A cette époque, le natif de Milan s'opposait notamment à l'arrivée sur les côtes italiennes de navires chargés de migrants, choix qui lui avait valu, sur le plan politique, de sévères remontrances à l'échelle de l'Union européenne, et, sur le plan judiciaire, de faire l'objet d'une enquête ouverte par le parquet d'Agrigente (Sicile) pour «séquestration et abus de pouvoir», avant que la justice italienne n'abandonne finalement les charges à son encontre.

«Je suis désolé de dire que je ne vois pas vraiment où Salvini a tort. Des tentatives illégitimes sont faites pour entrer en Italie, et le ministre de l’Intérieur intervient pour empêcher que cela ne se produise [...] Et je ne comprends pas ce que le procureur d’Agrigente a à voir avec cela», aurait alors écrit Paolo Auriemma à son confrère Luca Palamara, qui à son tour, lui aurait répondu : «Vous avez raison, mais maintenant, nous devons attaquer».

Le parquet a-t-il sciemment décidé de charger l'ancien homme fort du gouvernement italien tout en le sachant juridiquement inattaquable sur l'affaire en question ? En tout état de cause, selon le même échange WhatsApp, Paolo Auriemma aurait pour sa part estimé peu judicieuse une attaque contre le ministre dont la politique sur le volet migratoire était a priori plébiscitée dans le pays. «Tout le monde pense comme lui», aurait-il en effet rétorqué.

En réaction aux révélations de cet échange, le chef de la Ligue – que ses partisans surnomment il Capitano – a publié le 21 mai un post Facebook dans lequel il explique s'inquiéter d'une remise en question du «principe de séparation des pouvoirs» en Italie.

Les députés de la Ligue ont pour leur part adressé une pétition au président Sergio Mattarella pour enquêter sur cette affaire. «Ce qui a été rapporté par le journal est très grave et intolérable : l’indépendance de la politique vis-à-vis du pouvoir judiciaire doit être préservée», ont-ils notamment estimé.