Le Venezuela a déposé plainte contre la Banque d'Angleterre (BoE) afin que celle-ci lui restitue une partie des réserves en or qu'elle détient, selon un communiqué publié le 21 mai par le cabinet représentant le gouvernement bolivarien, Zaiwalla & Co. Caracas demande depuis avril à la BoE de transférer l'équivalent d'un milliard de dollar de ses réserves directement au Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), afin de lutter contre la pandémie de coronavirus.
«La banque d'Angleterre a refusé de confirmer qu'elle agirait conformément aux instructions au motif qu'elle ne reconnaît pas l'autorité de la direction actuelle de la Banque centrale du Venezuela et du gouvernement vénézuélien», a précisé Zaiwalla & Co. «Alors que des vies sont en jeu, il n'est pas temps d'essayer de "marquer des points politiques". [...] La Banque d'Angleterre a l'obligation morale de permettre au Venezuela de vendre l'or du pays afin de permettre au Pnud d'aider efficacement la population vénézuélienne dans la lutte contre le Covid-19», a souligné Sarosh Zaiwalla, l'avocat du cabinet représentant Caracas.
«Ce n'est pas la première fois que la Banque d'Angleterre agit comme un agent du pillage contre les peuples. Aujourd'hui, elle viole des contrats et escroque les nations en profitant de la pandémie. Un crime contre l'humanité», a réagi le 21 mai sur Twitter Samuel Moncada, représentant du Venezuela à l'ONU. Contactée par l'AFP et Reuters, la Banque d'Angleterre, qui détient de nombreuses réserves d'or pour le compte de nombreux pays, a déclaré qu'elle ne commentait pas les informations concernant les relations avec ses clients.
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C'est n'est en effet pas la première fois que les autorités vénézuéliennes se trouvent en conflit avec la BoE. Un conflit qu'il faut bien entendu mettre en parallèle avec la volonté de pays occidentaux, Etats-Unis en tête, de déstabiliser le gouvernement Maduro. Ainsi fin 2018, le ministre des Finances vénézuélien Simon Zerpa avait fait le déplacement à Londres pour demander à rapatrier les réserves d'or de son pays. Une requête refusée quelques semaines plus tard par la BoE, souveraine dans sa décision, selon le diplomate britannique Alan Duncan.
Mais, comme le rappelle la BBC, le diplomate avait toutefois indiqué avant cette décision qu'il ne faisait «aucun doute» que l'établissement bancaire prendrait en compte la situation géopolitique, à savoir que plusieurs Etats ne reconnaissent pas la légitimité de Nicolas Maduro, mais celle de son opposant Juan Guaido. A cette époque, précise encore la BBC, Washington s'était lancé dans un intensif travail de lobbying auprès des autorités britanniques pour couper le gouvernement vénézuélien de ses actifs à l'étranger.
Aujourd'hui, la décision de la BoE s'inscrit dans un contexte où la situation sanitaire au Venezuela, déjà en proie à une crise économique, est critique. Ce qui ne freine pas pour autant les institutions internationales : à la mi-mars, Caracas s'était déjà vu refuser une demande d'aide par le Fonds monétaire international, au motif qu'il n'y avait de «reconnaissance claire» du gouvernement.