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Covid-19 : l'Italie régularise des clandestins pour lutter contre le «travail au noir» agricole

Le Premier ministre italien s'est félicité de la régularisation temporaire des travailleurs clandestins du secteur agricole. Matteo Salvini, quant à lui, a tancé une décision aux conséquences en réalité plus vastes.

Le gouvernement italien a décidé le 13 mai de régulariser temporairement des clandestins travaillant dans les domaines de l'agriculture et de l'aide à domicile, afin de leur garantir une couverture santé face à la crise du coronavirus.

«Nous sommes arrivés à un résultat important [...] dans le cadre de la lutte contre la criminalité et de la mise au jour du travail au noir», s'est félicité le Premier ministre Giuseppe Conte lors d'une conférence de presse de présentation du décret.

Une opportunité ouverte du 1er juin au 15 juillet

Le décret du gouvernement vise à «garantir un niveau adéquat de couverture santé» face à «la crise sanitaire exceptionnelle» causée par le coronavirus et à combattre les «rapports de travail illégaux» entre employés et employeurs.

Chaque été, des milliers d'ouvriers agricoles africains, mais aussi bulgares et roumains, viennent dans la péninsule pour récolter fruits et légumes. Souvent payés un salaire de misère et vivant parfois dans des camps aux conditions d'hygiène déplorables, beaucoup sont exploités par des organisations mafieuses.

Alors que la convention collective de l'agriculture prévoit une durée de travail journalière de 6h40 avec une rémunération de 50 euros par jour, ces ouvriers travaillent près de 8 à 10 heures, voire parfois jusqu'à 14 heures par jour. Le tout en étant payés à la quantité (3 à 4 euros pour 350 kilos), ce qui leur permet d'arriver péniblement à 20-30 euros par jour.

Deux cas de figure sont prévus par le décret : soit les employeurs présentent une demande de régularisation en payant une contribution forfaitaire de 400 euros, soit les étrangers dont le titre de séjour est arrivé à échéance depuis le 31 octobre 2019 demandent un titre temporaire en payant 160 euros. Cette possibilité est offerte du 1er juin au 15 juillet.

Tous les bénéficiaires doivent pouvoir justifier d'une présence en Italie en date du 8 mars et avoir travaillé comme ouvriers agricoles ou aides à domicile avant le 31 octobre 2019.

Le texte invite en outre communes et régions, pour éviter la diffusion du virus, à prendre «des mesures urgentes aptes à garantir la salubrité et la sécurité des logements» des personnes concernées.

Mais quel est le rapport avec l'agriculture ?

Dans un communiqué commun, plusieurs ONG et partis politiques, parmi lesquels Oxfam Italie, le Parti radical ou encore la Fédération des Eglises évangéliques en Italie, ont salué «un premier pas important – même s'il est limité à quelques secteurs – vers la reconnaissance des droits et la défense de la dignité de centaines de milliers d'étrangers présents» en Italie.

Matteo Salvini, le chef de fil du principal parti anti-immigration La Ligue a quant à lui dénoncé une mesure en vérité plus large sur Twitter.

«En lisant l'interview d'un ministre de ce gouvernement, on découvre que la régularisation ne vise pas seulement ceux qui ont déjà un travail, mais aussi les demandeurs d'asile dont le dossier a été rejeté. Mais quel est le rapport avec l'agriculture ?», a-t-il interrogé.