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Liban : l'armée intervient contre des manifestants à Tripoli

Des troubles ont éclaté dans la nuit du 27 au 28 avril dans la ville de Tripoli, centre de la contestation au Liban. Les manifestants, repoussés par l'armée, protestaient contre un pouvoir jugé corrompu et s'en sont pris aux banques.

Des affrontements ont eu lieu dans la nuit du 27 au 28 avril à Tripoli (nord du Liban) entre l'armée et des centaines de manifestants réclamant un changement politique radical face à la crise économique. Malgré le confinement décrété dans le pays face à l'épidémie de coronavirus, des hommes, des femmes et des enfants ont défilé dans les rues, aux cris de «Révolution ! Révolution !», a constaté un correspondant de l'AFP.

Les manifestants ont été repoussés par l'armée au moment où ils voulaient rejoindre la maison d'un parlementaire envers lequel ils sont hostiles.

Certains protestataires ont jeté des pierres, l'armée a répliqué par des tirs en l'air pour disperser la foule dans la zone de la place al-Nour. L'armée a également fait état d'incendies dans plusieurs banques, et du jet d'un cocktail molotov sur un véhicule militaire.

La Croix-Rouge a affirmé avoir transporté trois personnes vers l'hôpital, et en avoir soigné d'autres sur place.

Le Liban en proie à une grave crise économique

Le Liban est confronté à sa pire crise économique depuis la guerre civile (1975-1990), et la pandémie mondiale n'a fait qu'aggraver la situation.

La chute de la livre libanaise alimente une inflation qui a aggravé les difficultés de la population, notamment dans une ville comme Tripoli, où plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Cette cité portuaire a été l'un des foyers de la contestation dans les vastes manifestations contre la corruption, les élites politiques et l'incurie des autorités qui ont éclaté dès octobre 2019. Des manifestations venaient y avait eu lieu le 17 avril

Le 24 avril avait été annoncée une chute de 5,7 milliards de dollars des dépôts bancaires dans le pays lors des deux premiers mois de l'année, alors que les retraits sont censés être plafonnés et les virements internationaux interdits.

Les banques libanaises sont accusées par la rue de complicité avec le pouvoir politique et d'avoir contribué à l'endettement public effréné et la faillite de l'Etat. Elles sont en conséquence souvent la cible d'attaques de manifestants. L'association des banques libanaises a déclaré que tous les établissements bancaires de la ville seraient fermés à partir du 28 avril jusqu'à ce que la sécurité soit rétablie en ville.