Le coordinateur du gouvernement allemand de la coopération avec la Pologne, Dietmar Woidke, a demandé l'assouplissement des restrictions sur les voyages imposées par la Pologne dans une lettre rendue publique au lendemain d'une manifestation de centaines de travailleurs transfrontaliers, empêchés de rejoindre quotidiennement leur poste de travail.
Les deux pays ont imposé une quarantaine de 14 jours à toute personne traversant la frontière, mais l'Allemagne a assoupli cette règle pour les travailleurs transfrontaliers. La Pologne ne l'a pas fait jusqu'à présent. Dans la lettre citée ce 25 avril dans les médias, Dietmar Woidke, a demandé à son homologue de revoir la réglementation.
«Je pense que les travailleurs transfrontaliers doivent avoir la possibilité de rejoindre leurs postes de l'autre côté de la frontière», a écrit le responsable social démocrate, également chef du gouvernement de l'Etat régional du Brandebourg, qui partage une frontière avec la Pologne, selon le journal Märkische Oderzeitung et l'agence allemande DPA.
Brandissant des banderoles déclarant «Laissez-nous entrer et travailler sans la quarantaine», une centaine de personnes côté polonais et autant côté allemand ont manifesté le 24 avril dans la soirée à proximité du poste frontière de Rosowek-Rosow, selon l'agence polonaise PAP. Des rassemblements similaires ont eu lieu dans d'autres villes frontières, par exemple à Gubin et Guben, ou à Zgorzelec et Görlitz. Les images d'une des manifestations côté polonais montrent par ailleurs que plusieurs drapeaux de l'Union européenne ont été brandis.
«Les hôpitaux allemands dans la zone frontalière emploient un grand nombre de médecins et d'infirmières [polonais] qui ne sont pas en mesure de rejoindre leur poste», a expliqué une des organisatrices du mouvement côté allemand, Marta Szuster. Selon les chiffres d'Eurostat portant sur l'année 2018, les 125 000 Polonais travaillant en Allemagne forment le plus important contingent de transfrontaliers dans l'UE.
Chercher «un bon compromis»
Ces dernières semaines, certaines régions allemandes ont cherché à encourager les travailleurs polonais à ne pas rentrer chez eux en leur offrant une indemnité allant jusqu'à 65 euros par jour. Des protestations similaires, moins importantes, ont eu lieu également à la frontière polono-tchèque, par exemple au village polonais de Chalupki.
Interrogé lors d'une conversation avec les internautes sur Facebook, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a reconnu que «le dilemme est dur à résoudre», expliquant que certains habitants des régions concernées sont préoccupés par des taux de contamination plus élevés de l'autre côté de la frontière. «Je chercherai un bon compromis», a-t-il ajouté, promettant de demander aux autorités régionales de trouver des solutions qui évitent la quarantaine aux transfrontaliers mais assurent une distanciation suffisante pour protéger les autres résidents.