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Tracking : les rivaux Apple et Google s'allient pour le suivi des données des personnes contaminées

Les deux géants des Gafa, Google et Apple, ont annoncé leur alliance pour permettre le traçage numérique des personnes infectées par le coronavirus afin de prévenir la propagation de l'épidémie.

Apple et Google ont annoncé, ce 10 avril, un partenariat pour permettre le suivi numérique des individus ayant été à proximité des personnes infectées afin de limiter la propagation de l'épidémie de coronavirus.

«Google et Apple annoncent un effort conjoint pour permettre l'utilisation de la technologie Bluetooth dans le but d'aider les gouvernements et les agences de santé à réduire la propagation du virus, en intégrant la confidentialité et la sécurité des utilisateurs au cœur de la conception», ont fait savoir les deux géants technologiques dans un billet de blog. Concrètement, des smartphones équipés du logiciel iOS d'Apple ou Android de Google pourront ainsi échanger des informations via Bluetooth, afin d'assurer le suivi des contacts humains et d'alerter les autres utilisateurs. Ainsi, à partir du mois de mai, les utilisateurs d'appareils iOS et Android seront en mesure de partager des contenus issus d'applications officielles d'autorités de santé publique, téléchargeables depuis les boutiques en ligne des deux groupes.

Apple et Google prévoient, dans un second temps, de développer «une plateforme de suivi des contacts plus large [...] qui permettrait à davantage de personnes d'y participer, si elles choisissent d'y adhérer». Les systèmes d'exploitation des deux groupes rivaux sont les plus utilisés sur les smartphones à travers la planète. «Compte tenu de l'urgence du besoin, l'objectif est de mettre en œuvre cette solution en deux étapes tout en maintenant de solides protections pour assurer le respect de la vie privée des utilisateurs», ont promis Apple et Google.

En France, sur la base du volontariat

En France, le gouvernement travaille au développement d'une application sur smartphone, utilisable «sur la base du volontariat» pour identifier les personnes ayant été contact avec une personne infectée par le coronavirus, ont affirmé le ministre de la Santé Olivier Véran et le secrétaire d'Etat au Numérique Cédric O. Dans un entretien publié le 8 avril dans Le Monde, les deux hommes entendent déminer le sujet très sensible du «tracking» – cette technique consistant à essayer d'identifier tous les contacts récents d'une personne infectée – en raison de ses implications sur les libertés individuelles et la vie privée.

Ce projet, baptisé «StopCovid», vise à «développer une application qui pourrait limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission», explique Cédric O. «L’idée serait de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif afin de pouvoir se faire tester soi-même, et si besoin d’être pris en charge très tôt, ou bien de se confiner». Cependant, «aucune décision n'est prise» sur un éventuel déploiement de cette application sur laquelle planche l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) depuis plusieurs jours, assurent les deux hommes. «Nous ne travaillons que sur l’hypothèse d’une installation volontaire de l’application qui pourra être désinstallée à tout moment», assure Cédric O, précisant qu'elle s'appuierait sur la technologie Bluetooth, qui permet à nos smartphones d'identifier des appareils à proximité (écouteurs, enceintes, imprimantes...). et non le recueil de données de géolocalisation. «L’application ne géolocalisera pas les personnes. Elle retracera l’historique des relations sociales qui ont eu lieu dans les jours précédents, sans permettre aucune consultation extérieure, ni transmettre aucune donnée», explique-t-il. «Lorsque deux personnes se croisent pendant une certaine durée, et à une distance rapprochée, le téléphone portable de l’un enregistre les références de l’autre dans son historique. Si un cas positif se déclare, ceux qui auront été en contact avec cette personne sont prévenus de manière automatique», détaille le secrétaire d'Etat.

Olivier Véran se veut rassurant. Selon lui, l'application est «compatible avec le droit européen des données personnelles, avec des données anonymisées». «Personne n’aura accès à la liste des personnes contaminées, et il sera impossible de savoir qui a contaminé qui. Le code informatique sera public», assure-t-il et la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) est «étroitement» associée aux travaux.