Damas a fustigé ce 9 avril le rapport, publié la veille, de l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) qui pointait l'usage, en 2017 par l'armée syrienne, d'armes chimiques sur Latamné, une localité du nord du pays.
La Syrie rejette ce rapport dans le fond et la forme
Dans un communiqué, le ministère syrien des Affaires étrangères a estimé que l'objectif de ce rapport «trompeur» était de «falsifier les faits et d'accuser le gouvernement syrien», rapporte l'agence Sana. «Les conclusions de ce rapport représentent un nouveau scandale pour l'organisation et ses équipes d'enquête», a estimé la diplomatie syrienne qui juge que ce rapport s'additionne à l'autre «scandale» concernant l'attaque chimique présumée d'avril 2018 à Douma.
Damas estime que l'OIAC prend ses sources chez les terroristes
Le ministère syrien des Affaires étrangères va même plus loin, en accusant l'OIAC de prendre ses informations auprès d'organisations terroristes. «Le rapport de l'OIAC s'appuie sur des sources préparées et fabriquées par les terroristes du Front Al-Nusra et le groupe terroriste "Casques blancs", en application des instructions de leurs employeurs aux Etats-Unis, en Turquie et dans certains pays occidentaux bien connus», peut-on notamment lire dans le communiqué. «La Syrie rejette ce rapport dans le fond et la forme et nie catégoriquement avoir utilisé du gaz toxique dans la ville de Latamné ou dans toute autre ville ou localité syrienne», ajoute le ministère qui assure néanmoins que Damas poursuivra son offensive contre Daesh. «Toutes ces allégations et fausses accusations fabriquées ne dissuaderont pas la Syrie de poursuivre sa guerre contre le terrorisme, ses organisations et ses partisans dans le cadre de la légitime défense de sa souveraineté», ajoute le communiqué du ministère.
L'OIAC a accusé, le 8 avril, l'armée de Bachar el-Assad d'avoir lâché en 2017 des bombes contenant du sarin et du chlore sur la localité de Latamné, dans le nord de la Syrie, «affectant» une centaine de personnes. C'est la première fois que l'OIAC, basée à La Haye (Pays-Bas), désigne nommément l'armée syrienne comme responsable d'attaques chimiques sur son propre sol. Les trois attaques avaient été menées par deux avions et un hélicoptère, selon l'OIAC, contre cette localité alors aux mains de groupes djihadistes. En juin 2018, une majorité des 193 Etats membres de l'OIAC avaient voté en faveur du renforcement des pouvoirs de l'organisation, en l'autorisant à désigner l'auteur d'une attaque chimique et non plus seulement à documenter l'utilisation d'une telle arme.
Mais les enquêtes de l'OIAC ont été entachées de doutes durant ces derniers mois. A titre d'exemple, lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unis convoquée le 20 janvier par le représentant permanent de la Russie, Ian Henderson, ancien inspecteur de l'OIAC, avait pointé du doigt les «conclusions contradictoires» du rapport final publié en mars 2019 par l'institution concernant l'attaque chimique présumée d'avril 2018 à Douma. Son témoignage intervenait après une série de révélations, notamment relayées par WikiLeaks, au sujet de la version finale du rapport de l'OIAC sur cette affaire. On y apprenait notamment que le texte, depuis le brouillon jusqu'à sa publication finale, aurait subi quantité de reformulations voire d'omissions selon certaines sources, venant altérer les conclusions de la mission d'enquête initiale.