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Pour le Pape, l'épidémie doit nous amener à cesser d'abuser de la nature

Dans sa première interview à un média britannique, le pape François s'est confié sur l'avenir de l'Eglise après la pandémie. Il a invité les citoyens à protéger les pauvres et les sans-abris tout en évoquant les désastres écologiques de notre époque.

Depuis sa résidence au Vatican, le Pape François continue de travailler. Le chef spirituel de l'Eglise catholique prie et célèbre les messes chaque matin à 7h, mais à huis clos puisque les rassemblements religieux sont interdits. Elles sont diffusées quotidiennement en streaming.

Le Pape a répondu aux questions d'un universitaire anglais pour le compte de la revue The Tablet, sa première interview pour une publication britannique, abordant des thèmes liés à la pandémie et à la course du monde lorsqu'il sera délivré du virus.

Un plaidoyer pour la protection de la nature

Invité à réagir sur le sujet de l'opportunité d'une «conversion écologique» mondiale au sortir de l'épidémie, l’évêque de Rome s'est interrogé sur les récents désastres environnementaux. «Une expression en espagnol dit : "Dieu pardonne toujours, les hommes parfois, mais la nature jamais." Nous n'avons pas répondu aux récentes catastrophes. Qui se souvient aujourd'hui des feux en Australie [...] ? Qui parle aujourd'hui des inondations ? Je ne sais pas si ces événements sont une vengeance de la nature mais ils sont certainement des réactions de la nature», a-t-il estimé.

Nous devons ralentir nos rythmes de production et de consommation et apprendre à comprendre et contempler le monde naturel

Il a donc exhorté le monde à saisir l'opportunité d'une conversion écologique. «Aujourd'hui, je crois que nous devons ralentir nos rythmes de production et de consommation et apprendre à comprendre et contempler le monde naturel», a-t-il conseillé. «Il est temps de faire un pas décisif, d'arrêter d'utiliser et d'abuser de la nature pour s'employer à la contempler», a-t-il ajouté.

Dans le monde de la finance, il a semblé normal de sacrifier, de mener la politique de la culture du jetable, du début à la fin de la vie 

Jorge Mario Bergoglio s'est, comme souvent, lancé dans une diatribe contre les discours «populistes» de «certains leaders européens», et contre les dérives capitalistes à la lueur de l'épidémie. «Mais nous réalisons que toute notre pensée, que cela nous plaise ou non, s'est façonnée avec l'économie. Dans le monde de la finance, il a semblé normal de sacrifier, de mener la politique de la culture du jetable, du début à la fin de la vie», a-t-il blâmé. Il a aussi invité à «voir» les pauvres, qui souffrent encore davantage durant la pandémie, afin de «restaurer leur humanité». «Ils ne sont pas des choses, pas des déchets ; Ce sont des hommes», a-t-il déclaré. 

Enfin, le pape François a tenu à louer les «Saints qui vivent à côté de nous», les «héros» que sont les médecins, les infirmières, les sœurs, les employés des magasins.