Une nouvelle ère s'ouvre pour le Parti travailliste (Labour), le grand mouvement politique de la gauche britannique. Ce 4 avril, la formation a annoncé l'élection de Keir Starmer à sa tête : «Félicitations à [Keir Starmer], le nouveau chef du Labour», a tweeté le parti.
Cet ancien avocat de 57 ans, responsable depuis trois ans du Brexit pour les travaillistes, est réputé centriste et pro-UE. A l'opposé donc du dirigeant sortant, Jeremy Corbyn.
A peine élu, le nouveau leader du Parti travailliste a présenté ses «excuses» pour l'antisémitisme au sein de sa formation, principal parti d'opposition au Royaume-Uni. Dans une allocution télévisée diffusée juste après son élection par les militants, il a déclaré : «Au nom du Labour, je m'excuse», s'engageant à «extirper le poison» de l'antisémitisme, une «tache sur le parti».
Un engagement pris alors que son prédécesseur Jeremy Corbyn est accusé au mieux de ne pas l'avoir assez combattu, au pire de l'avoir laissé complaisamment prospérer.
Favorable au maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne
Elu à une large majorité, Keir Starmer a réussi à rallier les centristes du parti, tout en parvenant à conserver le soutien des partisans du très à gauche Jeremy Corbyn. Un pari réussi en ne jetant aux orties ni le programme – qui prévoit des nationalisations massives – ni le radicalisme de l'ancien chef du Labour, qui a subi aux élections législatives du 12 décembre une défaite sans commune mesure depuis 1935, notamment en raison du manque de clarté de sa position sur le Brexit.
Chargé depuis 2016 au sein du parti de cette question qui a déchiré le pays pendant plus de trois ans, Keir Starmer s'est nettement démarqué de la ligne attentiste de Jeremy Corbyn, en se prononçant pour un nouveau référendum et, surtout, pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne.
Juste après le vote qui avait vu le «leave» l'emporter à 52% en juin 2016, il a fait partie du mouvement de rébellion au sein du Labour contre Jeremy Corbyn, étrillé pour sa campagne pour le maintien du pays au sein de l'UE.
Keir Starmer devra rassembler et mener à la victoire un mouvement politique éclaté par les divisions, qui a perdu les clés de Downing Street au profit des conservateurs depuis dix ans.