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L'UE s'excuse de son inaction auprès de l'Italie et promet de l'aider... mais le pourra-t-elle ?

La présidente de la Commission européenne a présenté ses excuses à Rome, reconnaissant le manque d'aide apporté par l'UE. Elle a promis un mécanisme de prêts de 100 milliards d'euros, mais doit pour ce faire convaincre tous les Etats membres.

«Je vous présente mes excuses, nous sommes avec vous» : dans une lettre au quotidien La Repubblica le 2 avril, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen fait l'autocritique du bloc européen, qui ne s'est selon elle pas suffisamment mobilisé pour venir en aide à l'Italie, durement touchée par l'épidémie de coronavirus.

«Il faut reconnaître qu'au début de la crise, face au besoin d'une réponse européenne commune, beaucoup trop n'ont pensé qu'à leurs problèmes nationaux», admet la patronne de l'UE, qui promet un changement de cap.

Ursula von der Leyen explique ainsi que l'UE entend «allouer jusqu'à 100 milliards d'euros aux pays les plus durement touchés, à commencer par l'Italie, pour compenser la baisse des revenus de ceux dont les horaires de travail sont plus courts». Selon elle, l'Europe s'est en outre mise d'accord pour «des prêts garantis par tous les Etats membres, ce qui démontre la solidarité européenne». «Chaque euro encore disponible dans le budget annuel de l'UE sera dépensé pour régler cette crise», assure-t-elle encore. 

«De l'Europe, nous ne recevons que des mots et de la fumée : aucune substance»

Mais, chat échaudé craignant l'eau froide, l'ancien ministre de l'Intérieur Matteo Salvini n'a pas été convaincu par ces excuses, auxquelles la présidente de la Commission européenne «aurait pu penser plus tôt». «De l'Europe, nous ne recevons que des mots et de la fumée : aucune substance», a-t-il lancé sur Twitter, soulignant que l'UE n'était «pas venue à la rescousse de l'Italie : chantage, blocage des masques, des produits agricoles, des camionneurs». «Si l'Europe ne se réveille pas, ces scènes vont se multiplier», a écrit quelques heures plus tard le dirigeant de la Ligue, partageant la vidéo d'un homme qui retire un drapeau européen et le déchire.

Le Premier ministre italien Guiseppe Conte s'était quant à lui montré quelque peu plus optimiste dans un entretien accordé à l'hebdomadaire allemand Die Zeit, il y a quelques jours : «Si nous sommes une Union, le temps est venu de le prouver.» «Je crois que tout le monde va finalement réaliser qu'une réponse européenne commune, méthodique, forte et rapide est la seule solution. Une réponse lente serait une réponse inutile», a-t-il toutefois confié à la chaîne espagnole La Sexta TV.

L'échec des coronabonds

Or rien ne dit que le plan imaginé par Ursula von der Leyen puisse réellement voir le jour. Pour débloquer les fameux 100 milliards à allouer aux pays les plus touchés, la Commission européenne entend contracter des prêts sur les marchés financiers internationaux, pour pouvoir elle-même prêter ensuite des fonds aux membres du bloc, en particulier ceux dont les économies souffrent le plus. Pour ce faire, l'UE a besoin d'obtenir une garantie de 25 milliards d'euros, en provenance des pays membres, et le plan doit être adopté à l'unanimité.

Un dernier point qui soulève quelques doutes quand à sa viabilité, à en juger par l'échec des «coronabonds», récemment proposés par la France, l'Italie ou le Portugal. L'idée, qui était de mutualiser les dettes par l'émission d'obligations pour faire face à la crise, avait été catégoriquement rejetée par l'Allemagne et les Pays-Bas, deux pays qui prônent une rigueur budgétaire stricte.