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Crise migratoire: le trafic entre la Croatie et la Serbie arrêté après des interdictions réciproques

L’afflux de migrants a causé une nouvelle querelle au sein de l’UE : les autorités frontalières croates ne laissent passer les gens qu’au compte-goutte suite à l’interdiction serbe du passage des camions et des produits croates.

«Les détenteurs de passeports serbes et les véhicules immatriculés en Serbie ne sont pas autorisés à entrer en Croatie jusqu’à nouvel ordre», a dit un agent de police croate à Reuters.

Plus tôt jeudi, le ministre serbe de l’Intérieur Nebojsa Stefanovic a déclaré que la police serbe avait reçu l’instruction de n’autoriser le passage de la frontière «… à aucun véhicule commercial enregistré en Croatie ou camion transportant des produits Croates».

Cependant, le Premier ministre croate, Zoran Milanovic, a fait savoir qu’il ne croyait pas que la Serbie irait si loin et introduirait des mesures de représailles parce que cela constituerait une action «contre l’Union européenne». «La Croatie est membre de l’UE. La Serbie ne peut pas, même si elle le veut, imposer des sanctions contre la Croatie, car elle a un accord avec l’Union européenne. Quoique la Serbie fasse ou envisage de faire, ce serait contre l’Union européenne et je suis sûr que la Serbie ne le fera pas», a dit Milanovic.

La Serbie qui se trouve maintenant sur la liste des candidats à l’adhésion à l’Union européenne, a prévenu la Croatie qu’elle envisagera des mesures légales, économiques et politiques pour mettre un terme au blocus.

Le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic avait déclaré que la Croatie avait le temps de se mettre en règle jusqu’au 24 septembre minuit. Sinon, a-t-il précisé, la Serbie conservera les mesures mises en place pour «protéger ses intérêts économiques».

La semaine dernière la Croatie a fermé tous ses routes transfrontalières avec la Serbie à l’exception d’un unique point de passage, l’axe principal qui relie les deux pays. La Croatie entendait ainsi faire pression sur Belgrade et l'amener à rediriger le flot de migrants vers la Hongrie et la Roumanie. Plus de 44 000 migrants fuyant la guerre et la misère dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique sont entrés en Croatie via la Serbie en une semaine.

«Nous ne pouvons plus enregistrer et héberger ces gens plus longtemps», a déclaré Milanovic vendredi. «Ils obtiendront de la nourriture, de l’eau et de l’aide médicale, mais devront ensuite poursuivre leur route. L’Union européenne doit être au courant que la Croatie ne deviendra pas un point chaud de la migration». «Nous avons des cœurs, mais nous avons également des têtes», a-t-il ajouté.

La Croatie n’est pas le seul pays de l’UE où les migrants sont indésirables : la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie et la République Tchèque ont voté contre les quotas de répartition de migrants parmi les pays membres de l’UE alors que le Royaume-Uni traîne des pieds à l’idée d’accueillir des réfugiés du Moyen-Orient. Pour arrêter la vague migratoire qui se dirige vers l’Allemagne et les pays scandinaves, la Hongrie a même érigé des clôtures aux frontières avec la Serbie et la Croatie alors que son Premier ministre a ouvertement déclaré que les migrants était le problème de l’Allemagne.