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Des anciens terroristes de Daesh... pour lutter contre Daesh ?

Un rapport d'un institut du King's College de Londres préconise de donner la parole aux repentis de Daesh, afin de montrer à ceux qui veulent aller en Syrie que l'Etat islamique n'a rien du tout du paradis annoncé.

Utiliser des déserteurs de Daesh, des anciens alliés du groupe terroristes, pour lutter contre l'Etat islamique. Voilà l'idée lancée par le centre d'étude de la radicalisation du prestigieux King's College de Londres (ICSR). Cet organisme a en effet étudié les histoires de 58 déserteurs de Daesh, de 17 nationalités différentes. Ils se sont interrogés sur leur parcours, leurs motivations pour rejoindre Daesh, mais aussi ce qui les a poussés à quitter le groupe terroriste. Et selon les chercheurs, ils pourraient être un outil intéressant dans la lutte contre Daesh.

Dans son rapport, l'ISCR estime ainsi que l'existence même de ces déserteurs peut aider à «remettre en cause l'image d'unité et de détermination» mise en avant par les djihadistes. Ces repentis pourraient donc, selon le centre d'études, être utiles pour déconstruire le discours utilisé par Daesh. «Au moins la moitié d'entre eux (des déserteurs, ndlr) se montrent indignés par l'extrême brutalité et les violences infligées aux personnes qu'ils prétendent au contraire vouloir défendre, les musulmans sunnites de Syrie et d'Irak», détaille le rapport.

C'est en effet un constat des chercheurs, il est compliqué, pour ces repentis, de ressentir de la compassion pour les Chrétiens d'Orient ou des Yézidis. Pour déradicaliser ces djihadistes, la seule solution semble être de parler des violences envers les populations sunnites. «Si vous voulez empêcher les gens rejoindre Daesh, rien ne sert de montrer des images de minorités ethniques et religieuses», estime le rapport. «Il faut parler du mal que Daesh fait aux sunnites.» Car le rapport estime que, malgré leur repentir, ces hommes et femmes sont et restent des radicaux.

Des repentis qui ont aussi dénoncé l'importante corruption au sein du groupe djihadiste pour expliquer leur retrait. Tout comme les mensonges de Daesh qui promettait une vie d’héroïsme et de luxe. Ce qui est loin d'être le cas en Irak et en Syrie. «Les Occidentaux semblent trouver difficile les coupures d’électricité et le manque de produits de base», note le rapport.

Pour l'ISCR, il convient donc maintenant d'utiliser ses témoignages pour éviter des départs en Syrie. Mais pas seulement. Peter Neumann, le directeur de l'ICSR, plaide ainsi pour une écoute plus fréquente des repentis de Daesh, et la possibilité pour eux d'être amnistiés voire même protégés pour aider à lutter contre Daesh.