Ce 1er mars, le rédacteur en chef du site en langue turque du média russe Sputnik, Mahir Boztepe, a été briévement interpellé par la police turque à Ankara. «Le rédacteur en chef de Sputnik Turquie Mahir Boztepe a été placé en garde à vue. [Il] est en train d'être emmené au quartier général de la police à Istanbul», avait rapporté, dans un premier temps, le site avant d'annoncer sa libération. Plus tôt, trois autres collaborateurs travaillant pour ce média avaient également été interpellés avant d'être relâchés à l'issue d'une audition du procureur au palais de justice de la ville.
Sur Telegram, Margarita Simonian, rédactrice en chef de Sputnik et rédactrice en chef du groupe RT n'a pas manqué d'exprimer son indignation : «Des groupes organisés de personnes ont simultanément attaqué les appartements de nos trois employés à Ankara. Il y avait une dizaine de personnes dans chaque [appartement]», a-telle rapporté qualifiant au passage ces auteurs de «voyous».
Selon l'antenne turque de l'ONG Reporters sans frontières (RSF), les trois personnes, deux journalistes et un traducteur, se sont rendus à un poste de police pour porter plainte après cet incident, mais les policiers leur ont rétorqué qu'ils «les cherchaient» pour les interroger à «propos d'un article» sans donner davantage de détails.
Selon la presse turque citée par l'AFP, un article serait à l'origine de cette arrestation. Intitulé, «La "province volée": pourquoi la Turquie s'est vue offrir un bout de Syrie par la France il y a 80 ans», l'article affirme que la région de Hatay limitrophe de la Syrie, a été «donnée à la Turquie en 1939 après un référendum controversé».
Une arrestation sur fond de tensions en Syrie
Cet incident intervient à un moment où le partenariat entre la Russie et la Turquie est mis à mal par l'aggravation des tensions en Syrie, où les deux Etats soutiennent des camps opposés. Très vite après l'incident, la Russie avait appelé les autorités turques à procéder à la libération des journalistes. Dans ce sillage, le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement russe, Konstantin Kossatchev, avait affirmé craindre une «complication supplémentaire» dans les relations russo-turques avec l'incident impliquant Sputnik.