Trois cadres du parti démocrate américain ont appelé le 24 février l'administration Trump à sanctionner la Russie, à la suite de la révélation d'un briefing des services de renseignement américains aux membres du Congrès, dans lequel il est fait part des soi-disant interférences russes dans la campagne présidentielle américaine de 2020.
Comme le rapporte l'agence de presse Reuters, les sénateurs Chuck Schumer, Bob Menendez et Sherrod Brown ont écrit au secrétaire d'Etat Mike Pompeo et au secrétaire au Trésor Steven Mnuchin pour exiger de l'administration Trump qu'elle impose «immédiatement et avec force» des sanctions contre Moscou et contre tous les Russes impliqués dans cette ingérence supposée.
«Faire quoi que ce soit de moins reviendrait à abdiquer votre responsabilité de protéger et de défendre les Etats-Unis contre cette grave menace à notre sécurité nationale et à l'intégrité de notre processus électoral», ont-ils ainsi écrit.
Présentation «exagérée», «trompeuse» du briefing
Pourtant, comme cela semble être désormais la norme, les accusations qui pèsent contre Moscou ne sont pas bien lourdes. Citant trois hauts responsables à la sécurité nationale, la chaîne américaine CNN, que l'on peut difficilement accuser d'être pro-russe, a d'ailleurs souligné que Shelby Pierson, le responsable qui a rapporté le briefing du renseignement aux parlementaires, avait «exagéré» l'évaluation de l'ingérence russe dans les élections de 2020 faite par le renseignement, «omettant une nuance importante».
«Le renseignement ne dit pas cela», a ainsi rectifié sans détour un de ces hauts responsables auprès de la chaîne. «Une interprétation plus raisonnable de la note du renseignement n'est pas que [les Russes] ont une préférence, c'est plus nuancé que cela. Cela signifie davantage qu'ils comprennent que le président est quelqu'un avec qui ils peuvent travailler, que c'est un négociateur», corrige-t-il. Selon lui, la présentation de ce briefing faite par Shelby Pierson est tout simplement «trompeuse», car elle manque de la «nuance» nécessaire pour retransmettre avec précision les conclusions du renseignement américain.
La Maison Blanche, par la voix du Conseiller à la sécurité nationale Robert O'Brien, a de la même façon expliqué n'avoir reçu aucune note selon laquelle le président russe ferait «quoi que ce soit pour tenter d'influencer les élections en faveur du président Trump». «Nous n'avons tout simplement pas vu ce renseignement» a-t-il déclaré dans l'émission Face the Nation sur CBS.
Qu'importe donc pour le camp démocrate, bien décidé à s'appuyer sur cette interprétation erronée d'une note du renseignement pour réveiller les fantômes de la supposée collusion entre Donald Trump et Moscou. Un angle d'attaque qui n'épargne par ailleurs désormais plus le rival démocrate du président américain, le favori de la primaire Bernie Sanders, candidat anti-establishment par excellence, qui aurait également les faveurs de Moscou selon les agences de renseignement américaines.