C'est reparti comme en 2016 ? Lors d'un briefing à des parlementaires du Congrès censé rester confidentiel, les services de renseignement américains ont fait part des soi-disantes interférences russes dans la campagne présidentielle américaine, pour favoriser Donald Trump... ou son rival démocrate, le favori de la primaire Bernie Sanders, candidat anti-establishment par excellence.
Comme en 2016, où l'influence de Moscou s'est résumé in fine à 100 000 dollars de publicité payés sur Facebook par des comptes que le renseignement américain estimait associés à des intérêts russes, c'est une nouvelle fois l'usage des réseaux sociaux qui inquiète les responsables américains.
«Ils ont fait un usage plus inventif de Facebook et des autres réseaux sociaux. Plutôt que de se faire passer pour des Américains comme ils l'ont fait en 2016, les agents russes s'efforcent d'amener les Américains à répéter leur désinformation», ont-ils ainsi déclaré, dans des propos rapportés par le New York Times. En dépit de la faiblesse de l'argument – pour lequel aucune preuve n'est par ailleurs avancée – l'idée d'une ingérence russe se retrouve de nouveau poussée sur le devant de la scène médiatique.
Désormais rompu à l'exercice, le président américain a rapidement contre-attaqué sur Twitter. «Une autre campagne de désinformation est lancée par les démocrates du Congrès, assurant que la Russie me préfère plutôt qu'un des démocrates-qui-ne-font-rien», a-t-il ainsi tweeté, ajoutant «Mascarade !». Plus tard le 21 février, en meeting électoral à Las Vegas (Nevada), Donald Trump a, pour la énième fois, rejeté l'idée que Vladimir Poutine souhaiterait le voir réélu. «Ne préférerait-il pas, disons, Bernie [Sanders] ?», s'est-il interrogé, en citant le sénateur socialiste du Vermont, actuellement en tête des sondages de la primaire démocrate.
Celui-ci est devenu le dernier des candidats démocrates en date (Hillary Clinton avait auparavant accusé Tulsi Gabbard et l'indépendante Jill Stein d'être soutenues par la Russie) qui aurait bénéficié des faveurs de Moscou, d'après le Washington Post qui cite des services de renseignement toujours pas décidés à étayer leur propos par de quelconques preuves. Réagissant à ces accusations, Bernie Sanders a tenté de replacer le curseur sur le chef d'Etat américain, assurant «ne pas considérer Vladimir Poutine comme un bon ami, contrairement à Donald Trump».
«Paranoïa»
En sous-texte, ce sont, une nouvelle fois, les luttes interne à l'appareil d'Etat américain qui se dévoilent. Donald Trump a d'ailleurs limogé dans la foulée son chef du renseignement par intérim, Joe Maguire, le remplaçant par un de ses fidèles.
De son côté la Russie a mis sur le compte de la «paranoïa» les accusations des responsables du renseignement américain, dont on ne connaît pas encore les détails. «Cela n'a rien à voir avec la vérité», a ainsi déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dénonçant «de nouveaux messages paranoïaques qui seront malheureusement de plus en plus fréquents à fur et à mesure que l'élection approche» aux Etats-Unis.
Moscou a toujours démenti toute implication dans l'élection présidentielle de 2016. Le rapport du procureur spécial américain, Robert Mueller, dont les conclusions ont été révélées le 18 avril, ne contenait d'ailleurs «aucune preuve» d'une ingérence russe dans l'élection américaine de 2016, avait souligné à l'époque le Kremlin.