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Canada : des Amérindiens mettent la pression sur Trudeau en bloquant le trafic ferroviaire

Dans l'est du Canada, des Amérindiens bloquent depuis plusieurs jours les voies ferrées afin de contrer un projet de gazoduc traversant leurs terres. Dans ce contexte, Justin Trudeau a annulé une visite officielle dans les Caraïbes.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau ne participera pas à la conférence de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) les 17 et 18 février en raison d'une importante crise bloquant le trafic ferroviaire dans l'est du pays depuis plusieurs jours. Des autochtones sont en effet mobilisés afin d'empêcher la construction d'un gazoduc. Une réunion d'urgence a été convoquée par Justin Trudeau le 17 février pour régler le litige, selon l'AFP.

Les protestataires, principalement les «Premières nations» (terme regroupant les peuples autochtones du Canada) et plus spécifiquement des Amérindiens, bloquent les voies en solidarité avec les chefs de la nation Wet'suwet'en en Colombie Britannique (dans l'ouest du Canada), hostiles au projet de gazoduc censé traverser leur terre. Plusieurs voix se sont élevées, dont celle du chef de l'opposition conservatrice Andrew Scheer, pour réclamer une intervention des forces de l'ordre afin de mettre fin aux barrages, une option pour le moment rejetée par le gouvernement.

Le 13 février, Andrew Scheer dénonçait dans une vidéo publiée sur son compte Twitter des barrages «illégaux» et accusait le Premier ministre canadien de ne pas oser agir.

Dans la foulée de sa tournée en Afrique et en Europe qui s'est achevée le 14 février, Justin Trudeau devait se rendre à la Barbade, un Etat insulaire situé dans les Caraïbes, dans le cadre des efforts du Canada visant à obtenir un siège au Conseil de sécurité de l'ONU. «Le Premier ministre ne participera plus à la Conférence des chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) cette semaine», a déclaré son bureau dans un communiqué. Le Canada sera représenté par son ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne.

Justin Trudeau a annoncé sur son compte Twitter une réunion avec certains de ses ministres, notamment les ministres des Finances, de la Sécurité publique, des Transports et des Services aux autochtones pour remédier à la crise et trouver ensemble une solution pacifique.

Le chemin de fer est l'épine dorsale de l'économie canadienne. Il permet d'acheminer chaque année plus de 300 milliards de dollars canadiens de biens, soit 209 milliards d'euros d'un bout à l'autre de cet immense pays. Le 15 février, le ministre fédéral des Services aux autochtones, Marc Miller, s'est rendu sur un des barrages dans la province de l'Ontario où il a discuté toute la journée avec des manifestants et des responsables de la Première nation Mohawk. Ces discussions ont débouché sur un «modeste progrès», selon ses propres termes, mais pas sur la levée des barrages. 

La crise actuelle constitue un test important pour la politique de réconciliation avec les autochtones dont le Premier ministre canadien a fait une des priorités de son mandat.

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