Les autorités chinoises ont annoncé, le 13 février, plus de 15 000 contaminations au Covid-19 supplémentaires, portant désormais à près de 60 000 cas confirmés et au moins 1 355 morts. Un bond record que Pékin justifie par une nouvelle définition des cas d'infection. Par ailleurs, plusieurs des principaux responsables de la province de Wuhan (centre), berceau de l'épidémie, ont été démis de leurs fonctions.
Ces chiffres inquiétants et ces sanctions disciplinaires alimentent les spéculations selon lesquelles la gravité de l'épidémie de pneumonie virale, désormais appelée Covid-19, pourrait avoir été sous-estimée. En effet, la Commission de la santé du Hubei (centre) a annoncé, le 13 février, 242 nouveaux décès dans la province. C'est de loin l'augmentation la plus forte enregistrée en 24 heures depuis que la crise a débuté en décembre.
Ces bonds sont dus à une nouvelle définition plus large des cas d'infection. Dorénavant, les autorités locales comptabiliseront les cas «diagnostiqués cliniquement». En clair, une radio pulmonaire sur les cas suspects peut désormais être considérée comme suffisante pour diagnostiquer le virus. Jusqu'à présent, un test d'acide nucléique était indispensable. Les autorités chinoises justifient cette nouvelle méthode par leur «meilleure connaissance» de la maladie et de ses symptômes ainsi que par leur volonté de faire bénéficier au plus vite les patients d'un traitement.
«Dans ce genre d'épidémie, il y a deux méthodes : soit ratisser large pour faire en sorte qu'aucun malade ne passe à travers les mailles du filet, soit faire un dépistage précis», a déclaré Kentaro Iwata, professeur à l'université de Kobe (Japon) et expert en maladies infectieuses, à l'AFP. Et de continuer : «C'est toujours un dilemme», jugeant par ailleurs «compréhensible» que les autorités de la province de Hubei choisissent la première solution face à l'urgence.
Des têtes tombent face au mécontentement populaire
Coïncidence ou pas : le plus haut responsable du Parti communiste chinois (PCC) dans le Hubei, Jiang Chaoliang, a été démis de ses fonctions le 13 février. Il est remplacé par le maire de Shanghai, Ying Yong, réputé proche du président Xi Jinping. Le principal responsable communiste de Wuhan, Ma Guoqiang, a lui aussi été limogé.
Des chutes anticipées, tant la colère de la population semble vive. Effectivement, une grande partie des citoyens chinois accuse depuis plusieurs semaines les autorités locales d'avoir tardé à réagir face aux premiers cas.
Un mécontentement devenu fureur après la mort, le 7 février, de Li Wenliang, 34 ans, l'un des premiers médecins à avoir alerté sur l'épidémie. Réprimandé par la police qui l'accusait de propager des «rumeurs», il avait lui-même été contaminé.
Les têtes avaient déjà commencé à rouler en début de semaine au Hubei. Les deux plus hauts responsables provinciaux du ministère de la Santé avaient été démis de leurs fonctions.
«Cette épidémie peut aller dans n'importe quelle direction»
Les chiffres annoncés le 13 février tranchent avec ceux de la veille, où les autorités chinoises avaient fait état du plus faible nombre de nouvelles contaminations depuis près de deux semaines.
Le président chinois Xi Jinping s'était lui montré optimiste le 12 février, soulignant «l'évolution positive» de la situation.
Toutefois, à Genève, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est montrée beaucoup plus prudente. Michael Ryan, chef du département des urgences sanitaires, a déclaré : «Je pense qu'il est aujourd'hui beaucoup trop tôt pour tenter de prédire le commencement, le milieu ou la fin de cette épidémie.»
Le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a ensuite renchéri, préconisant «une extrême prudence». «Cette épidémie peut aller dans n'importe quelle direction», a-t-il affirmé.
Ailleurs dans le monde, de plus en plus de mises en quarantaine
Une commune de 10 000 habitants près de Hanoï a été placée en quarantaine après la découverte de six cas du nouveau coronavirus, dont un bébé de trois mois, une première au Vietnam.
Le 13 février, le ministère vietnamien de la santé a ainsi annoncé qu'une «mise en quarantaine» de Son Loi, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale vietnamienne, avait été ordonnée pour vingt jours.
Plusieurs sites à Hanoï et à Ho Chi Minh-Ville mais aussi dans le nord et dans le centre du pays ont été reconvertis en hôpitaux ou en centres de confinement. Les autorités vietnamiennes ont interdit tous les vols à destination et en provenance de Chine continentale et tous les trains de voyageurs ont été stoppés. Hanoi a également suspendu les nouveaux visas touristiques pour les ressortissants chinois ou étrangers qui ont séjourné en Chine au cours des deux dernières semaines.
De son côté, le ministre japonais de la Santé, Katsunobu Kato, a annoncé, le 13 février, 44 nouveaux cas positifs au nouveau coronavirus Covid-19 à bord du paquebot de croisière Diamond Princess en quarantaine au Japon depuis le 3 février, d'après les tests nouvellement menés sur 221 personnes.
Cela porte à 218 le nombre total d'occupants du navire (passagers et membres d'équipage compris) ayant été infectés, sur 3 711 personnes initialement à bord, sans compter un officier de quarantaine également contaminé récemment. Au total, 713 personnes du paquebot ont été à ce jour testées, en raison de capacités limitées pour effectuer ces examens qui prennent en outre quatre à six heures avant l'obtention du résultat.
En outre, après 14 jours d'isolement dans un centre de vacances de Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône), destinés à s'assurer qu'ils n'étaient pas infectés par le nouveau coronavirus, les 181 premiers rapatriés de Wuhan en France doivent sortir de quarantaine le 14 février.
A ce jour, les autorités n'ont fait état d'aucune contamination au virus Covid-19 parmi ces personnes placées en quarantaine après avoir quitté la ville de Wuhan.
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