Le bilan de l'épidémie du nouveau coronavirus a franchi la barre des 1 000 morts le 11 février. Pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a dépêché une mission d'experts en Chine, le nombre croissant de cas de transmission hors de ce pays pourrait augurer d'une plus grande propagation de l'épidémie à travers le monde.
Le premier décès imputé au virus 2019-nCoV, apparu en décembre dans la ville chinoise de Wuhan (centre), avait été annoncé le 11 janvier. Un mois plus tard, l'épidémie a désormais fait 1 016 morts en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), selon un bilan officiel publié le 11 février.
Les autorités sanitaires chinoises ont fait état de 108 nouveaux décès en vingt-quatre heures, le plus lourd bilan quotidien enregistré à ce jour, tandis que les cas confirmés de contamination s'établissait à plus de 42 000. En revanche, comme à plusieurs reprises depuis la semaine dernière, le nombre de nouveaux cas journaliers (2 478) a diminué par rapport au jour précédent.
Le président chinois Xi Jinping a appelé, le 10 février, à prendre «des mesures plus fortes et décisives pour enrayer résolument l'élan de la contagion», après s'être rendu dans un quartier résidentiel de Pékin pour visiter un hôpital, apparaissant pour la première fois portant un masque.
Alors même que la plupart des compagnies aériennes ont cessé leurs vols vers la Chine continentale et que plusieurs pays se sont fermés aux voyageurs qui en viennent, l'épidémie pourrait dorénavant s'accélérer à travers la planète, redoute l'OMS.
En dehors de la Chine continentale, le virus a tué deux personnes, une aux Philippines et une autre à Hong Kong, et plus de 400 cas de contamination ont été confirmés dans une trentaine de pays et territoires.
Mais un scénario redouté s'est concrétisé : sans avoir jamais mis les pieds en Chine, un Britannique contaminé par le coronavirus à Singapour l'a ensuite transmis à plusieurs compatriotes lors d'un séjour dans les Alpes en France, avant d'être diagnostiqué en Grande-Bretagne.
Il aurait ainsi accidentellement contaminé au moins 11 personnes, dont cinq sont hospitalisées en France, cinq autres en Grande-Bretagne et un homme de 46 ans sur l'île espagnole de Majorque, où il réside, selon les informations disponibles.
«Nous ne voyons peut-être que la partie émergée de l'iceberg»
«La détection de ce petit nombre de cas pourrait être l'étincelle qui finira par un plus grand feu» épidémique, s'est alarmé le 10 février le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus. Et d'insister : «Pour l'heure, c'est seulement une étincelle. Notre principal objectif reste le confinement [des foyers de contamination]. Nous appelons tous les pays à utiliser la fenêtre de tir actuelle pour empêcher ce plus grand feu.»
Jusqu'alors, la majorité des contaminations identifiées à l'étranger impliquait des personnes revenues de Wuhan, épicentre de l'épidémie. «Nous ne voyons peut-être que la partie émergée de l'iceberg», avait averti le docteur Tedros le 9 février.
«C'est toujours inquiétant que des gens se rassemblent [comme lors d'une conférence à Singapour où s'était rendu le Britannique] puis se dispersent, nous devons avoir une gestion des risques en conséquence. Mais difficile de mettre le monde entier à l'arrêt», a observé Michael Ryan, responsables des programmes d'urgences sanitaires de l'OMS.
Le 10 février, Londres a classé le nouveau coronavirus en «menace grave et imminente pour la santé publique», l'autorisant notamment à mettre les personnes contaminées en quarantaine de force.
L'OMS a annoncé convoquer les 11 et 12 février à son siège de Genève une réunion d'experts pour faire le point sur la recherche et le développement de vaccins et traitements contre le coronavirus.
Par ailleurs, les ministres européens de la Santé se réuniront en urgence le 13 février à Bruxelles pour discuter de mesures coordonnées contre l'épidémie.
En Asie, suite à l'application des mesures de quarantaine, des milliers de voyageurs et de membres d'équipage demeurent consignés sur deux navires de croisière. Au moins 135 cas de contamination ont été confirmés sur le paquebot Diamond Princess en quarantaine au large du Japon.
Wuhan et la province environnante du Hubei, toujours coupées du monde
Wuhan et la province environnante du Hubei, d'où s'est propagée l'épidémie, restent coupés du monde par un cordon sanitaire. Ailleurs, des dizaines de millions de Chinois sont soumis à des règles de confinement dans plusieurs métropoles.
En-dehors de ces régions, la Chine reste largement paralysée, malgré une reprise timide du travail depuis le 10 février. Les étudiants restent en vacances et les entreprises sont incitées à laisser leurs employés travailler à domicile. Le même jour à la télévision, le président Xi Jinping s'est voulu rassurant, affirmant que l'impact du virus serait «de courte durée» et a appelé à «faire très attention à la question du chômage».
Les deux principaux responsables chargés des questions de santé dans le Hubei ont par ailleurs été limogés, a annoncé la télévision d'Etat le 11 février. Les autorités locales ont été critiquées pour avoir tardé à réagir à l'épidémie et avoir même réprimandé des lanceurs d'alerte pour «propagation de rumeurs». La mort, le 7 février, de l'un d'entre eux, le médecin de 34 ans Li Wenliang, avait engendré plusieurs appels à la liberté d'expression.
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