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Revivez le forum international «Se souvenir de la Shoah : lutter contre l'antisémitisme» à Jérusalem

De nombreux dirigeants, dont Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, assistent aux cérémonies organisées par Israël à l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, ce 23 janvier, à Jérusalem.

Jeudi 23 janvier

Pour Pierre Lorrain, journaliste et spécialiste de la Russie, «l'objectif de Vladimir Poutine est de renouer avec l’esprit de l'alliance de l’époque». 

«Sans doute avons-nous raté quelque chose. Il nous faut être lucides pour que tant de nos enfants puissent aujourd’hui croire ce qu’ils croient», a estimé le chef de l'Etat après avoir appelé à combattre un «nouvel antisémitisme» par «la force de la loi».

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«La communauté internationale ne doit jamais oublier la Shoah», a affirmé Emmanuel Macron qui a par ailleurs salué la présence parmi l'assistance de survivants de l'Holocauste. 

Le vice-président des Etats-Unis Mike Pence a appelé  la communauté internationale à «rester ferme» face à l'Iran à l'occasion des commémorations de la Shoah à Jérusalem. 

«Nous devons nous préparer à affronter le raz-de-marée de l'antisémitisme [...] nous devons donc rester ferme face au premier Etat pourvoyeur d'antisémitisme», a déclaré le vice-président américain, avant de nommer la «République islamique d'Iran».

Prenant à son tour la parole, le président russe Vladimir Poutine a qualifié la Shoah comme étant l'«une des pages les plus horribles de l’histoire contemporaine». «Nous avons tous la responsabilité qu’une telle tragédie ne puisse se répéter», a-t-il ajouté. 

Le président russe a en outre souligné dans son discours que «le but de l'Holocauste était l'élimination délibérée des hommes et des femmes». Outre les Juifs, «les Russes, les Biélorusses, les Ukrainiens, les Polonais, les représentants de nombreuses autres nationalités ont été déclarés "sous-humains"». 

Il a enfin rappelé le lourd tribut payé par la Russie dans la lutte contre le nazisme : «27 millions de personnes sont mortes [durant la Seconde Guerre mondiale], ne l’oublions jamais.» 

Benjamin Netanyahou poursuit son offensive diplomatique contre l'Iran : à l'ouverture des commémorations du 75e anniversaire de la libération du camp nazi d'Auschwitz, il a appelé à agir contre «les tyrans de Téhéran».

«J'appelle tous les gouvernements à joindre l'effort vital pour faire face à l'Iran», a-t-il souligné, ajoutant : «Il ne peut y avoir une autre Shoah.»

Le 5e Forum international sur la Shoah se déroule ce 23 janvier dans l’institut international pour la mémoire de la Shoah Yad Vashem, à Jérusalem. Vladimir Poutine, Emmanuel Macron, Reuven Rivlin, Benjamin Netanyahou, Mike Pence et le prince Charles y prennent part.

Vladimir Poutine participe à la cérémonie d’inauguration à Jérusalem du monument aux habitants et défenseurs de Léningrad, assiégée lors de la Seconde Guerre mondiale.

Emmanuel Macron s'adresse aux Français d'Israël. 

Mercredi 22 janvier

Alors qu'il allait pénétrer dans la basilique Sainte-Anne – territoire français – dans la Vieille ville de Jérusalem, le président français s'est emporté contre des policiers israéliens, dans une séquence filmée relayée sur les réseaux sociaux.

«Se reconnaître chacun avec calme et respect c'est peut être un pas vers la capacité à vivre ensemble en paix», a déclaré le chef de l'Etat alors qu'il effectuait une visite dans la Vieille ville de Jérusalem. 

Selon plusieurs journalistes présents sur place, un léger accrochage a éclaté près de la basilique Sainte-Anne à Jérusalem entre un membre des forces de sécurité israéliennes et des membres du groupe de sécurité d'Emmanuel Macron, quelques heures avant la venue du président français sur le site. 

Un membre des forces de sécurité israéliennes est, dans un premier temps, entré dans la basilique, territoire français, puis en est ressorti. Lorsqu'il a tenté d'y entrer à nouveau, il en a été expulsé par des membres du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), selon plusieurs journalistes présents cités par l'AFP, évoquant des éclats de voix. Un de ces journalistes a affirmé que deux hommes s'étaient pris par le col.

C'est de cet édifice religieux situé dans la Vieille ville de Jérusalem, que l'ancien président français Jacques Chirac avait exigé que des militaires israéliens sortent, en 1996, après s'être emporté contre des soldats qui l'encadraient. 

«Nous serons intraitables en matière de nucléaire», a déclaré le chef de l'Etat français, cité par Reuters, lors d'une déclaration à la presse aux côtés de son homologue israélien Reuven Rivlin.

«Dans le contexte actuel, la France restera attachée à ce que l'Iran n'acquière jamais l'arme nucléaire mais à ce que nous évitions aussi dans la région toute escalade militaire, quelle qu'elle soit», a-t-il ajouté. 

«Nous continuerons avec la même détermination [la lutte contre l'antisémitisme]» a déclaré Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse qu'il a tenue conjointement avec le président israélien Reuven Rivlin. 

«Nous avons pris des [...] décisions, d’autres vont venir. [Elles] nous permettrons de lutter encore plus efficacement contre les discours de haine et, entre autres, l’antisémitisme sur internet», a-t-il ajouté. La «négation de l'existence d'Israël comme Etat» est de l'antisémitisme, a-t-il martelé, avant de poursuivre : «Ce qui ne veut pas dire qu'il deviendrait impossible d'avoir des désaccords, de critiquer telle ou telle action du gouvernement d'Israël mais la négation de son existence relève bien aujourd'hui d'une forme contemporaine de l'antisémitisme.»

Emmanuel Macron prend la parole au côté du président israélien Reuven Rivlin.

Israël, fermement opposé à l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 duquel se sont retirés les Etats-Unis, va tenter cette semaine de persuader la Russie et la France d'user de leur influence au Moyen-Orient pour y juguler celle de l'Iran, présenté comme la nouvelle menace contre les Juifs, 75 ans après la Shoah.

Pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, la menace nazie d'antan porte aujourd'hui un autre nom: celui de l'Iran, car la République islamique menace, par son programme nucléaire et balistique, l'existence même de l'Etat hébreu.

«Un tiers des Juifs sont partis en flammes (dans les camps nazis) et nous ne pouvions rien y faire. Après la Shoah, l'Etat d'Israël a été mis sur pied, mais les tentatives pour détruire le peuple juif n'ont pas disparu. L'Iran déclare chaque jour qu'il veut rayer Israël de la face de la Terre», a déclaré cette semaine le Premier ministre israélien. «La première leçon d'Auschwitz est la suivante: il faut stopper le mal dès qu'il commence. Or l'Iran est une très mauvaise chose [...] qui peut encore croître avec l'arme nucléaire», a-t-il ajouté dans une vidéo mise en ligne sur YouTube.

Dans un message publié le 22 janvier à l’occasion des commémorations du 75e anniversaire de la libération du camp nazi d’Auschwitz, Emmanuel Macron a défendu son «combat»de «chaque jour» contre l'antisémitisme.

«Soixante-quinze ans après la libération des survivants d'Auschwitz, des citoyens de France et d'ailleurs sont pris pour cible parce qu'ils sont juifs. Ce retour de la haine hante nos temps présents», affirme le président français dans ce message destiné au mémorial israélien sur la Shoah de Yad Vashem. 

«Ce combat contre l'antisémitisme, je le mène chaque jour en le traquant dans les discours, dans les comportements, sur internet», ajoute-t-il, invitant les plateformes numériques, au même titre que les pouvoirs publics, la société civile et les individus, à intervenir «pour éliminer les contenus haineux».

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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou puis le président Reuven Rivlin, reçoivent l'un après l'autre le chef d'Etat français dans la matinée du 22 janvier. Le président de la République entame en effet une visite de deux jours en Israël, à l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau et du lancement du 5e Forum mondial sur la Shoah.

De nombreux dirigeants internationaux sont attendus pour ces cérémonies, le 23 janvier, dont le président russe Vladimir Poutine.

Emmanuel Macron doit également se rendre dans les Territoires palestiniens : dans l'après-midi du 22 janvier, le dirigeant français rencontre le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.