Pour la première fois depuis février 2012, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a dirigé la grande prière musulmane hebdomadaire à la mosquée Mosalla de Téhéran. Diffusée en direct à la télévision publique iranienne, l’allocution du Guide de la jurisprudence islamique a duré environ 1h15. Il est revenu sur l’assassinat du général Qassem Soleimani, le 3 janvier par les Etats-Unis, mais aussi sur le crash du Boeing ukrainien le 8 janvier, abattu par l’Iran, ainsi que sur les négociations sur le nucléaire avec les pays européens.
Au début de son discours, le Guide de la Révolution a reconnu que «les deux dernières semaines [avaient] été exceptionnelles, y compris les incidents amers et doux et les développements qui enseignent des leçons à la nation iranienne». Soulignant que «le jour où les missiles iraniens ont frappé les bases américaines [en Irak]» était un «jour béni», il a fait valoir que le fait que «l’Iran ait le pouvoir de mettre une gifle à une puissance mondiale», montrait «la main de Dieu».
Les «clowns américains» et leurs alliés européens
Rappelant que, selon lui, le général Qassem Soleimani (ancien chef de la force al-Qods, branche des Gardiens de la Révolution chargée des opérations extérieures) était «le plus fort commandant de la lutte contre le terrorisme dans la région», il a certifié que son assassinat était une honte pour l’administration américaine. Arguant que la force al-Qods devait être considérée comme «une organisation humanitaire», l’ayatollah a insisté sur le rôle des Gardiens de la Révolution, qui d’après lui sont des «combattants sans frontière» chargés de «restaurer la dignité des opprimés».
«Les clowns américains qui prétendent être aux côtés de la nation iranienne devraient voir les millions de personnes qui affluent dans la rue [en soutien au pouvoir en place]», a-t-il également assuré, se réjouissant que «les porte-parole américains» aient «échoué» à déstabiliser la nation iranienne et «échoueront dans le futur».
Le discours d'Ali Khamenei a été entrecoupé à plusieurs reprises par des slogans comme «mort à l'Amérique» ou encore «mort à Israël» de la part de la foule venue en nombre assister au prêche de l'ayatollah.
Qualifiant le crash du Boeing de la compagnie aérienne ukrainienne abattu par l’Iran le 8 janvier d’événement «tragique» et «triste», Ali Khamenei a condamné les manifestations survenues après l’accident, qu’il accuse d’avoir voulu éclipser la mort du général iranien et d’affaiblir les Gardiens de la Révolution. «J’exprime ici une fois encore ma sympathie avec les victimes du crash, et remercie les parents et les familles endeuillées de s’être opposés au complot de l’ennemi malgré la tragédie», a-t-il observé, assurant que «des efforts seraient faits pour prévenir ce type d’événement à l’avenir».
De plus, le Guide suprême est revenu sur les négociations entre l’Iran et les Européens à propos de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Appelant à «ne pas croire» les membres de l’E3 (France, Royaume-Uni, Allemagne), il a certifié que le groupe avait «une main de fer cachée dans un gant de velours». «Maintenant que nous savons qui ils sont […] nous devons nous efforcer de devenir plus forts et ne sommes pas effrayés par les négociations», a-t-il tempêté. Ali Khamenei a également critiqué la décision européenne d’activer le mécanisme de règlement des différends, accusant les trois puissances européennes de servir les intérêts américains.
Enfin, celui qui a remplacé Rouhollah Khomeini en 1989 a milité pour une union du «monde musulman». «Si le monde musulman se coordonne, nous pouvons construire une culture unifiée et notre coordination militaire boutera les étrangers hors de la région», a-t-il conclu.
Alexis Le Meur