Le nouveau président du Guatemala, Alejandro Giammattei, a rompu le 16 janvier les relations diplomatiques entre son pays et le gouvernement vénézuélien du président Nicolas Maduro, ordonnant la fermeture de son ambassade à Caracas.
«Nous rompons définitivement les relations avec le gouvernement du Venezuela», a déclaré le nouveau chef de l'Etat à des journalistes, avant une réunion au siège du gouvernement avec le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro. «Nous avons demandé au ministre des Affaires étrangères que la seule personne restée à l'ambassade du Venezuela rentre et que nous mettions définitivement fin aux relations avec le gouvernement du Venezuela», a-t-il ajouté. Alejandro Giammattei, qui a pris ses fonctions le 14 janvier, avait déjà annoncé qu'il couperait les liens avec Caracas en cas de prise de pouvoir.
«Le citoyen italien qui préside la république sœur du Guatemala s'est immédiatement jeté aux pieds de Donald Trump», a commenté le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Jorge Arreaza sur Twitter, qualifiant le nouveau gouvernement du Guatemala de «blague de mauvais goût» qui finira par passer. Le chef de la diplomatie vénézuélienne a néanmoins témoigné son respect et son «affection pour le peuple guatémaltèque digne».
Alejandro Giammattei, un médecin âgé de 63 ans, a prêté serment comme 51e président du Guatemala, une fonction qu'il avait briguée trois fois auparavant en vain, avant de l'emporter au second tour des élections d'août 2019. Il avait tenté en octobre d'entrer au Venezuela pour rencontrer Juan Guaido, mais en avait été refoulé. Les autorités avaient notamment fait savoir qu'il n'avait pas d'invitation du gouvernement vénézuélien.
Conservateur, il souhaite le rétablissement de la peine de mort et est opposé à la légalisation de l’avortement et au mariage homosexuel. S'il promet de lutter contre la corruption dans son pays, ses opposants n'y croient pas et lui reprochent de ne pas vouloir le retour des experts mandatés par l'ONU. La Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (CICIG) avait été créée en 2007 afin d'assister les autorités guatémaltèques dans la lutte contre la corruption et notamment les dispositifs de sécurité clandestins. Mais le prédécesseur de Giammattei, Jimmy Morales (2016-2020), l'avait expulsée en janvier 2019.
Aligné sur Washington concernant le Venezuela et la Palestine
Le Guatemala est un membre actif du Groupe de Lima, une instance composée d'une douzaine de pays d'Amérique latine et du Canada. Créé en 2017 pour chercher une issue à la crise au Venezuela, il possède un positionnement aligné sur celui de Washington. Le Groupe de Lima reconnaît en effet Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela depuis qu'il s'est autoproclamé comme tel en janvier 2018.
Les ennemis d'Israël sont nos ennemis, et les amis d'Israël sont nos amis
Mais il n'y a pas que sur le Venezuela qu'Alejandro Giammattei est en accord avec la politique de l'administration américaine. En ce qui concerne la Palestine, même son de cloche : le nouveau président a assuré le 16 janvier que le Guatemala maintiendrait son ambassade en Israël à Jérusalem «quoi qu'il arrive». «Nous avons voulu aller reconnaître Jérusalem comme la ville éternelle d'Israël et confirmer l'engagement du gouvernement précédent de maintenir notre ambassade à Jérusalem quoi qu'il arrive», a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec la communauté juive à Guatemala, la capitale. «Les ennemis d'Israël sont nos ennemis, et les amis d'Israël sont nos amis», a ajouté le président, qui intervenait dans une synagogue de la ville. Son prédécesseur, Jimmy Morales, avait inauguré le 16 mai 2018 la nouvelle ambassade du Guatemala à Jérusalem, emboîtant le pas aux Etats-Unis qui avaient fait de même deux jours auparavant. Ces deux pays américains sont les deux seuls au monde à avoir transféré leur ambassade de Tel Aviv à Jérusalem.
Le Guatemala est un des pays les plus violents du monde. Quelque 3 500 homicides y sont perpétrés chaque année, dont la moitié sont liés au trafic de drogue ou à la rivalité entre gangs. Sa position géographique au sud du Mexique en fait un point de passage de l'immigration clandestine vers les Etats-Unis et du trafic de drogue en provenance, notamment, de Colombie.
Meriem Laribi