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Algérie : vers l'adoption d’une loi criminalisant «toutes formes de racisme et le discours de haine»

Le gouvernement algérien entend lutter contre la banalisation des propos extrémistes, notamment sur les réseaux sociaux : le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé ce 13 janvier qu'une loi serait élaborée à cet effet.

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé l’élaboration prochaine d’un projet de loi «criminalisant toutes formes de racisme [...] et le discours de la haine dans le pays». Le vote de ce texte permettrait «de faire face à ceux qui exploitent la liberté et le caractère pacifique du "Hirak" [le mouvement de protestation né en février]» en brandissant «des slogans portant atteinte à la cohésion nationale», explique en outre le communiqué de la présidence diffusé le 13 janvier par l’agence de presse algérienne APS. 

La décision du chef de l’Etat algérien de légiférer en la matière intervient au lendemain du limogeage du directeur de la Culture de la wilaya (préfecture) de M’sila pour «outrage et offense». Rabah Drif, scénariste de plusieurs films historiques, avait en effet qualifié dans une publication Facebook l’ancien combattant indépendantiste Abane Ramdane «de grand traître». Elevé en Algérie au rang de héros de la lutte pour l'indépendance, Abane Ramdane a été assassiné en décembre 1957 dans le sillage de querelles de pouvoir au sein du Front de libération nationale. Citant «des sources proches du dossier», le site d'information TSA affirme que Rabah Drif a été depuis placé en détention provisoire par le juge d’instruction du tribunal de la ville. 

«Si je t’entends prononcer un mot en kabyle, je te tue»

Plusieurs personnalités, souvent issues du monde politique, ont par ailleurs été accusées d'avoir commis des dérapages jugés racistes sur les réseaux sociaux : ainsi, en juin 2018, trois avocats avaient annoncé avoir déposé plainte pour «incitation à la haine raciale», contre Naima Sahli, membre du Parti de l'équité et de la proclamation (PEP), une micro-formation politique d’obédience islamiste.

Très présente sur les réseaux sociaux, la députée controversée avait notamment prononcé une violente diatribe à l’encontre de la langue berbère (tamazight) et de ses locuteurs. «Une langue qui n’en est pas une, qui n’est pas porteuse de sciences et qu’on ne comprend pas à l’extérieur ne va pas nous servir», s'était-elle emportée.

Et de poursuivre : «Ma petite fille est dans une école privée où la majorité des élèves sont kabyles. Elle s’est comportée avec innocence et a commencé à apprendre. Je ne me suis pas opposée. Puisque c’est devenu une obligation d’apprendre, je lui ai dit :"Si je t’entends prononcer un mot en kabyle, je te tue. Je vais t’éduquer !"»

Quelques mois plus tôt, en janvier, la victoire d'une jeune femme originaire du sud du pays au concours de Miss Algérie avait engendré une vague de commentaires à caractère raciste sur les réseaux sociaux. 

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