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Donald Trump veut transformer l'OTAN en y intégrant le Moyen-Orient

Alors que la présence américaine au Moyen-Orient fait l'objet de remises en question croissantes, dans un contexte de crise régionale, Donald Trump estime que l'OTAN devrait être réformée, de manière à intégrer les pays moyen-orientaux.

Au cours d'une conférence de presse datant du 9 janvier, Donald Trump a expliqué qu'il souhaitait réformer l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) tant sur la forme que sur le fond. Très critique envers l’Alliance transatlantique dans ses discours avant son élection présidentielle, le président américain entretient désormais une position ambiguë sur l'organisation militaire, souhaitant l'élargir alors même que les Etats-Unis sont en pleine crise avec l’Iran et l’Irak, suite à l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani dans une frappe américaine à Bagdad le 3 janvier.

«On l’appellerait NATOME. Quel beau nom ! Je suis bon avec les noms, pas vrai ?»

Le 9 janvier, au cours d'une conférence de presse à la Maison-Blanche, Donald Trump a estimé que l’OTAN devrait dès à présent «s’impliquer beaucoup plus» au Moyen-Orient. «Je pense que l’OTAN devrait être élargie et que nous devrions inclure le Moyen-Orient. Tout à fait», a-t-il expliqué, alors que la présence controversée des troupes américaines dans cette région, fait l'objet de discussions récentes. Et d’ajouter : «Et nous pourrions rentrer chez nous, […] en grande partie, et utiliser l’OTAN.»

Le locataire de la Maison blanche veut ainsi modifier le nom même de l’Alliance atlantique afin d’y intégrer les pays du Moyen-Orient : «NATO, et ensuite vous ajoutez 'ME' pour "Middle-East"», a-t-il indiqué devant les journalistes à la Maison Blanche – en anglais, OTAN se traduit par NATO et Moyen-Orient par Middle East (ME).

«On l’appellerait NATOME. Quel beau nom ! Je suis bon avec les noms, pas vrai ?», s’est alors congratulé Donald Trump. Selon ce dernier, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, se serait montré «très enthousiasmé» par cette proposition.

Par ailleurs, la porte-parole du département d’Etat, Morgan Ortagus, a annoncé dans une déclaration à la presse «que les discussions pour la mise en œuvre d’un renforcement des troupes de l’OTAN au Moyen-Orient avaient commencé». «Une délégation de l’OTAN se trouve au département d’Etat pour discuter d’un rôle accru de l’Alliance atlantique en Irak, conformément au souhait du président en faveur d’un meilleur partage du fardeau dans tous nos efforts de défense collectifs», a-t-elle ensuite communiqué.

La présence américaine au Moyen-Orient remise en cause ?

Ces déclarations surviennent dans un contexte de tensions extrêmes entre Washington et Téhéran. L'Iran, mais aussi l'Irak, que Washington a envahi en 2003, n'ont pas caché leur intention de bouter les soldats américains hors de leur territoire.

Dans la nuit du 7 au 8 janvier, des missiles ont été tirés par l'Iran sur des bases utilisées par des soldats américains en Irak, en représailles aux assassinats du général iranien Qassem Soleimani et d'Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires pro-iranienne et figure de proue de la lutte contre Daesh en Irak, dans une frappe américaine à Bagdad quelques jours plus tôt, le 3 janvier.

Le Pentagone a accusé Qassem Soleimani de préparer «activement des plans pour attaquer des diplomates et des militaires américains en Irak et à travers la région», sans fournir ni preuve, ni détail concret sur ces présumées opérations. De plus, les Etats-Unis ont attribué au général iranien l'attaque de l'ambassade américaine à Bagdad par des manifestants pro-Iran. Les manifestants en question dénonçaient les frappes américaines meurtrières menées le 29 décembre, en représailles à la mort d'un sous-traitant américain, qui avaient visé plusieurs sites du mouvement armé pro-Iran Kataëb Hezbollah (KH) en Irak.

Les factions armées pro-Iran en Irak ont promis une riposte aux frappes américaines, qui se poursuivra «jusqu'au départ du dernier soldat» américain de ce pays. Par ailleurs, le Parlement irakien a voté l'expulsion des 5 200 soldats américains déployés sur son sol.

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