«Nous examinons minutieusement toutes les thèses» : dans une déclaration transmise à l'AFP ce 9 janvier, Serguiï Danylov, secrétaire du Conseil ukrainien de sécurité et de défense nationale, a indiqué que Kiev étudiait actuellement différentes hypothèses concernant le crash du Boeing 737 d'Ukraine International Airlines à Téhéran, qui a fait 176 morts le 8 janvier.
Si dans les heures qui ont suivi la catastrophe le président ukrainien a mis en garde contre toute spéculation au sujet de sa nature, Kiev se montre donc désormais ouvert à explorer différentes théories. Soulignant qu'«aucune [n'était] prioritaire», Serguiï Danylov a fait savoir que parmi celles-ci figuraient l'hypothèse d'un tir de missile antiaérien contre le Boeing, l'explosion d'une bombe placée à bord, la collision de l'avion avec un drone ou encore la déflagration du moteur «pour raisons techniques».
L'Ukraine a dépêché à Téhéran 45 de ses experts pour étudier les causes de la tragédie et inspecter les lieux du crash. Selon Serguiï Danylov, ces enquêteurs souhaitent chercher les possibles débris d'un missile, estimant que l'avion de la compagnie aérienne ukrainienne aurait pu être abattu en plein décollage. Se basant notamment sur une image - non vérifiée - diffusée sur les réseaux sociaux, Serguiï Danylov évoque un missile de fabrication russe utilisé par l'armée iranienne.
«Notre commission [d'enquête] est en train de discuter avec les autorités iraniennes de l'inspection du site de l'accident. Elle est déterminée à rechercher des fragments d'un missile de défense aérienne russe sur lesquels des informations ont circulé sur Internet», a-t-il ainsi déclaré au site d'information ukrainien Censor.net. Ce 9 janvier, plusieurs médias américains, citant des sources anonymes du renseignement des Etats-Unis, affirment que l'Iran aurait abattu par erreur le Boeing 737 d'Ukraine International Airlines.
L'avion était en feu
De son côté, l'Organisation de l'aviation civile iranienne (CAO) a fait savoir dans un rapport préliminaire publié ce 9 janvier que le Boeing était en feu juste avant de s'écraser. Les enquêteurs citent des témoins au sol ainsi que dans un autre avion ayant survolé la zone à une haute altitude, qui ont vu l'avion en flammes alors qu'il était toujours en vol : «Selon des témoins oculaires [...] un incendie a été observé dans l'avion et a gagné en intensité.»
D'après le rapport de la CAO, l'avion a rencontré un problème technique peu après le décollage de l'aéroport international de Téhéran et s'est dirigé vers un aéroport proche avant de s'écraser. Aucun élément sur la nature de la défaillance technique n'est toutefois précisé dans le document. L'appareil – âgé de trois ans et dont le dernier contrôle technique datait du 6 janvier – s'est écrasé six minutes après son décollage près de la localité de Sabashahr, au sud-ouest de Téhéran. Le rapport ajoute qu'il n'y a eu aucune communication radio de la part du pilote. Les enquêteurs vont étudier le contenu des «boîtes noires» de l'appareil – dont ils disposent, mais qui sont endommagées – est-il enfin noté dans le document.
Donald Trump fait part de ses «doutes», l'Iran parle de «rumeurs illogiques»
Donald Trump, a réagi en faisant part de ses «doutes» sur les raisons du crash. «J'ai le sentiment que quelque chose de terrible s'est passé. [...] Quelqu'un aurait pu faire une erreur. [...] Il volait dans une zone aux conditions très difficiles.», a-t-il ajouté lors d'un échange avec les journalistes à la Maison Blanche. Le président des Etats-Unis a également fait savoir qu'il n'était pas opposé à ce que les boites noires de l'appareil soient remises à la France ou un autre pays. «A un moment ou à un autre, ils remettront les boites noires, idéalement à Boeing, mais s'ils les donnent à la France ou un autre pays, cela irait aussi», a-t-il précisé.
En réaction, le chef de l’Organisation de l’aviation civile iranienne a évoqué des «rumeurs illogiques». «Scientifiquement, il est impossible qu'un missile frappe l'avion ukrainien, et de telles rumeurs sont illogiques», a déclaré Ali Abedzadeh, cité par l'agence de presse iranienne ISNA.
Ce crash est intervenu peu après que l'Iran a tiré des missiles dans la nuit du 7 au 8 janvier contre des bases militaires utilisées par des soldats américains en Irak, en représailles à l'assassinat de Qassem Soleimani par l'armée américaine. A la suite des ces tirs, l'administration fédérale américaine de l'aviation, la FAA, avait annoncé suspendre les vols des compagnies enregistrées aux Etats-Unis au-dessus de l'Irak, de l'Iran et du Golfe.
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