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Libye : pas de sortie de crise sans implication de l’Afrique, prévient Sassou-Nguesso

Alors qu'une conférence pour tenter de résoudre la crise en Libye est prévue à Berlin, le président congolais a mis en garde le 6 janvier contre les conséquences néfastes d'une marginalisation du continent africain dans ce dossier.

Le 6 janvier, à l'occasion des vœux au corps diplomatique, le président de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso, a exprimé son souhait de voir le continent africain associé à l'ensemble des initiatives portant sur la résolution de la crise libyenne. 

«La Libye est un pays africain et les victimes du conflit libyen sont essentiellement en Afrique. Dès lors, toute stratégie de règlement de la crise libyenne tendant à marginaliser le continent africain pourrait se révéler complètement inefficace et contre-productive», a-t-il prévenu au surlendemain de l'officialisation par le président Recep Tayyip Erdogan de l'envoi d'un premier contingent de soldats turcs en Libye.

Dans ce sillage, le chef d'Etat congolais, qui est également le président du Comité de haut niveau de l'Union africaine (UA) sur la Libye, a annoncé qu'il suggérait «de nouvelles initiatives, afin que le prochain sommet de l'UA élève la résolution du drame libyen au rang de priorité majeure». 

Le plaidoyer de Denis Sassou-NGuesso en faveur d'une plus implication de l'Afrique dans le dossier libyen rejoint l'appel lancé, le 3 janvier, par le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki : dans un communiqué, le responsable tchadien avait appelé «la communauté internationale à joindre ses efforts à ceux de l'Afrique pour la promotion rapide d'une sortie pacifique de cette crise aux conséquences dangereuses à tous égards pour le pays, la région et l'ensemble du continent».

L’intervention d’Ankara dans le dossier libyen a également suscité une levée de boucliers de plusieurs pays africains, notamment ceux partageant une frontière avec la Libye. Ainsi, le 17 décembre dernier, deux jours après une rencontre à Istanbul entre Recep Tayyip Erdogan et Fayez-al-Sarraj, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait mis en garde contre toute velléité de «contrôler» le territoire libyen. En Algérie, la probabilité d’une intervention militaire turque sur le sol libyen est également source d'inquiétudes. Le nouveau président Abdelmadjid Tebboune avait tenu, le 26 décembre, une réunion du Haut conseil de sécurité (HCS), qui regroupe les plus hautes autorités civiles et militaires de l'Algérie, afin d’évoquer la situation à ses frontières, notamment celle avec la Libye. 

Déstabilisée par l’intervention de l’OTAN en 2011, à laquelle a participé la France, et qui a conduit à la mort de Mouammar Kadhafi, la Libye est depuis 2014 fracturée par la rivalité entre Fayez al-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar. Le pays, de fait, se trouve divisé en deux parties : à l’ouest, sur une bande territoriale au sein de laquelle se trouve Tripoli, s'étend le pouvoir du GNA. Si cette entité politique, basée dans la capitale, est reconnue par la communauté internationale, elle parvient difficilement à imposer son autorité sur ses propres milices.

En face, le maréchal Khalifa Haftar, qui dit tirer sa légitimité du Parlement de Tobrouk, également reconnu par la communauté internationale, contrôle la totalité de la Cyrénaïque (est du pays), ainsi qu’une large partie de la Tripolitaine (ouest) et du Fezzan (sud-ouest). A la faveur du ralliement de plusieurs tribus et d’officiers, dont des ex-kadhafistes, le maréchal Khalifa Haftar a multiplié les succès militaires mais a dû battre en retraite après avoir échoué à prendre Tripoli en avril dernier. 

Face à l'enlisement du conflit, Londres, Paris et Rome, partisans en 2011 d'une intervention de l'Alliance atlantique en Libye, ont condamné, ce 7 janvier, «les ingérences extérieures» dans ce pays, une allusion à peine voilée à la Turquie. 

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