L'occasion était trop bonne pour Matteo Salvini : sans le nommer, le leader du parti italien anti-immigration Lega a adressé une pique au pape François, dans une vidéo postée sur Instagram le 1er janvier 2020 et vue par plus de 500 000 personnes.
L'ancien ministre de l'Intérieur italien apparaît en train de marcher dans la montagne, les yeux vers le sol, lorsqu'une jeune femme – vraisemblablement sa compagne, au vu de ses autres publications sur Instagram – lui agrippe subitement le poignet. Visiblement surpris, l'ancien homme fort du gouvernement italien lève le bras... pour caresser délicatement la joue de sa complice. Le chef de parti reprend ensuite sa route vers la caméra, tout sourire.
Une pique adressée au pape François
Si Matteo Salvini ne cite pas le pape François, cette petite mise en scène est une référence évidente à un épisode survenu la veille. Le 31 décembre, alors qu'il traversait la place Saint-Pierre du Vatican et saluait les pèlerins, une femme, visiblement enthousiasmée à l'idée de saluer le chef de l'Eglise catholique, lui avait vigoureusement saisi le bras. Le souverain pontife, surpris par l'intensité du geste, s'était détaché de l'étreinte en assénant à la dame une tape énergique sur la main, avec un air irrité.
Le geste, filmé, avait provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, nombre d'internautes reprochant au souverain pontife une réaction trop sévère. Le 1er janvier, le pape François avait d'ailleurs lui-même présenté ses excuses pour son comportement : «Tant de fois nous perdons patience. Cela m'arrive à moi aussi. Je m'excuse pour le mauvais exemple donné hier», a-t-il déclaré avant la traditionnelle prière de l'Angélus, alors qu'il s'exprimait depuis une fenêtre du Palais apostolique place Saint-Pierre.
Entre Matteo Salvini et le pape François : des confrontations indirectes
Lorsqu'il était au gouvernement, dont il s'est de facto exclu après avoir fait éclater la coalition Lega-Mouvement Cinq étoiles (M5S) en réclamant des élections anticipées, Matteo Salvini ne se retenait pas de critiquer le discours du pape, en particulier sur le thème de l'accueil des migrants.
En mai dernier par exemple, l'alors vice-président du Conseil des ministres et ministre de l'Intérieur italien, déclarait : «Je le dis au pape qui veut réduire les morts en Méditerranée, notre politique, avec orgueil et esprit chrétien, réduit le nombre des noyades.» Une réponse aux propos du souverain pontife suivants : «Notre Méditerranée est en train de se transformer en cimetière, il faut aller vers la paix, ne pas semer la haine et le rejet de l'autre.»
Si le pouvoir italien est actuellement entre les mains d'une coalition entre le M5S anti-système et le Parti démocrate de centre-gauche, la Lega italienne, rappelait l'AFP fin décembre, reste «le premier parti d'Italie avec environ 31% des intentions de vote». Le mois de janvier pourrait être déterminant pour le gouvernement, en raison d'élections régionales le 26 en Emilie-Romagne (nord-est), où se profile un duel entre le Parti démocrate et la droite menée par la Lega.
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