Le 24 décembre, la Russie a salué le bilan des tests menés sur les équipements censés permettre au pays de déconnecter son internet des serveurs mondiaux tout en garantissant son bon fonctionnement, même en cas de cyberguerre mondiale.
Ces essais sont intervenus dans le cadre d'une loi controversée entrée en vigueur début novembre, certains redoutant son utilisation à des fins de censure. Il s'agissait notamment de tester, dans des zones spécialisées, les mécanismes chargés de réagir à des «menaces» et de permettre le fonctionnement stable et sécurisé d'internet en Russie. «Les résultats des exercices ont montré que, globalement, les autorités et les opérateurs de télécommunications sont prêts à répondre efficacement aux risques et menaces éventuelles», a indiqué le vice-ministre des Communications Alexeï Sokolov, cité par les agences russes.
Selon lui, plusieurs scénarios ont été testés, dont des cyberattaques étrangères ou des tentatives d'intercepter le trafic, les SMS, la localisation ou les informations des abonnés cellulaires en Russie. «Nous poursuivrons ce type d'exercices au cours des prochaines années. Notre tâche est que tout fonctionne, tout le temps», a poursuivi Alexeï Sokolov.
Selon le Kremlin, cette loi est censée protéger le «segment russe» de l'internet en cas de déconnexion des grands serveurs mondiaux situés en Europe et aux Etats-Unis. Le but est notamment de permettre aux services de l'Etat et au réseau bancaire russe de fonctionner même en cas de guerre ou de cyberattaques massives.
Concrètement, le trafic internet sera réorganisé de manière à réduire la quantité de données transmises via l'étranger. A cette fin, les fournisseurs d'accès devront installer sur leurs réseaux d'ici 2021, année des prochaines législatives en Russie, une infrastructure spéciale fournie par les autorités mais dont la nature n'a pas été révélée.
Cette technologie permettra au gendarme russe des télécoms, Roskomnadzor, d'effectuer au besoin une «inspection profonde de paquets» (DPI), soit une analyse de l'ensemble du trafic qui transite par les serveurs russes et de rediriger ce flux vers des sites ou services spécifiques. Roskomnadzor aura également la possibilité de faire basculer le trafic national sous son «contrôle centralisé» en cas de «menace à son intégrité». Concrètement, il pourra bloquer tout site ou contenu directement, une tâche qui incombe actuellement aux opérateurs avec des succès variables. Les autorités russes insistent sur le fait qu'il ne s'agit pas d'isoler l'internet russe ou de se donner les moyens d'une censure généralisée. «Internet libre et internet souverain, ces deux notions ne se contredisent pas», a affirmé le président russe Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle le 19 décembre. La loi vise à assurer que la Russie ait des «ressources qui peuvent être activées pour qu'on ne soit pas coupés de l'internet», a-t-il ajouté.
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