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Zelensky apporte son soutien au footballeur ukrainien controversé traité de «nazi» en Espagne

Le président ukrainien a apporté son soutien à Roman Zozulya après que celui-ci a été la cible de chants le qualifiant de «nazi». Ces accusations se basent sur des clichés du footballeur sur internet, témoignant de sympathies nationalistes.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a apporté son soutien, le 16 décembre, au footballeur ukrainien du club espagnol d’Albacete, Roman Zozulya, après que celui-ci a été la cible de chants de supporters le qualifiant de «nazi», la veille, lors d’un match de deuxième division face au club madrilène du Rayo Vallecano.

Roman Zozulya, ce n'est pas seulement ton équipe qui te soutient, toute l'Ukraine te soutient

«Roman Zozulya, ce n'est pas seulement ton équipe qui te soutient, toute l'Ukraine te soutient. Tu n’es pas seulement un footballeur génial, tu es un vrai patriote qui aime son pays et aide nos militaires. Nous sommes avec toi !», a réagi le chef d'Etat ukrainien le 16 décembre sur Facebook.

Dans un communiqué mis en ligne sur le site du ministère des Affaires étrangères de l'Ukraine le 16 décembre également, la porte-parole de la diplomatie, Kateryna Zelenko, a dénoncé des «insultes honteuses» qualifiées de «farfelues et infondées». Elle a appelé «les autorités espagnoles et les dirigeants de la fédération  […] à réagir de manière appropriée».

Le président de la Fédération ukrainienne de football, Andriy Pavelko, a fustigé sur Facebook la «xénophobie» de certains supporters coupables selon lui de «hooliganisme brutal» et d’«incitation à la haine interethnique».

Enfin, l'ancien club de Roman Zozulya entre 2008 et 2011, le Dynamo Kiev, a tenu à soutenir celui qui compte 33 sélections en équipe nationale, le dépeignant comme un «personnage de combat» et lui assurant que «la vérité est de [s]on côté».

Des sympathies idéologiques sulfureuses

Le 15 décembre, alors que se déroulait le match entre Albacete et Rayo Vallecano, comptant pour la 20e journée de deuxième division espagnole, l’arbitre avait dû interrompre le match, des supporters du Rayo Vallecano, club de Madrid populaire chez les militants antifascistes, ayant scandé «Zozulya est un nazi» ou «les fascistes hors de Vallecas». En soutien à leur coéquipier, les joueurs d’Albacete avait, par la suite, décidé de ne pas revenir sur le terrain.

En 2017 déjà, celui qui avait marqué contre la France lors du match aller des barrages de qualification pour la Coupe du monde 2014, avait été victime des supporteurs du Rayo Vallecano, qui l’accusent d'être proche de l’extrême droite. Il avait, à cette occasion, nié dans une lettre ouverte aux fans du club tout lien avec cette mouvance politique.

Sur quoi se fondent alors ces accusations ? Sur les réseaux sociaux, le footballeur affiche son patriotisme et, en particulier, son engagement au côté de l'armée, contre les rebelles dans l’est de l’Ukraine. Plusieurs clichés le montrent poser au milieu de soldats ukrainiens. Il a également fait des dons à l’armée ukrainienne. Par exemple, en 2016, il avait vendu aux enchères sa médaille reçue pour sa participation à la finale de la Ligue Europa 2015 et obtenu 8 000 dollars qu’il avait reversés à une fondation soutenant l’armée ukrainienne.

Mais d'autres photographies de Roman Zozulya diffusées sur les réseaux sociaux témoignent d'opinions politiques autrement polémiques : sur l'une d'entre elles, relayée le 16 décembre sur Twitter par la journaliste Elise Gazengel basée en Espagne, le footballeur apparaît brandissant une écharpe à l'effigie de Stepan Bandera. Il s'agit d'un leader nationaliste ukrainien des années 30 et 40, figure controversée ayant créé en 1941 une organisation, la Légion ukrainienne, qui a brièvement combattu l'Allemagne nazie mais aussi collaboré avec elle dans sa lutte contre l'Union soviétique.

Sur une autre photo relayée par la même journaliste, le footballeur apparaît sur un terrain de basket, désignant de l'index, face caméra, avec un léger sourire, le panneau des scores indiquant les chiffres : «14-88», une référence des suprémacistes blancs.

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