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Des manifestations sur fond de tensions confessionnelles font six morts en Inde

Six personnes sont mortes depuis le début des manifestations dans le nord-est de l'Inde contre une loi facilitant l'obtention de la nationalité indienne par des réfugiés à condition qu'ils ne soient pas musulmans.

Les autorités indiennes ont avancé le 15 décembre un bilan de six morts au cours des manifestations qui secouent le nord-est du pays. Dans certaines zones, internet a été coupé et un couvre-feu a été imposé pour tenter d'endiguer la contestation.

La tension demeurait forte dans la plus grande ville de l'Etat d'Assam, Guwahati, où 5 000 personnes manifestaient le 15 décembre. La nouvelle loi facilite l'attribution de la citoyenneté indienne aux réfugiés d'Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan, à condition qu'ils ne soient pas musulmans. Elle concerne des minorités religieuses dont les hindous et les sikhs.

En Assam, quatre personnes sont décédées à l'hôpital après avoir été touchées par des tirs de la police, selon les autorités. Une autre personne a péri dans l'échoppe où elle dormait qui a été incendiée. Une sixième a été battue à mort pendant une manifestation, toujours d'après les autorités.

La circulation des trains a été suspendue dans certaines parties de l'Est du pays à la suite de violences dans l'Etat du Bengale occidental où des manifestants ont incendié des trains et des cars, brûlé des pneus, et organisé des sit-in sur les routes et les lignes de chemins de fer.

Le chef du gouvernement de l'Etat du Bengale occidental, Mamata Banerjee, a suspendu internet dans plusieurs districts.

A New Delhi, plusieurs autobus ont été incendiés et des vidéos postées sur les réseaux sociaux montraient des policiers tirant des gaz lacrymogène sur des manifestants.

Selon l'agence PTI, 35 personnes blessées dans les heurts ont été hospitalisées.

La police est également entrée dans l'Université de Delhi Jamia Millia Islamia après les affrontements pour procéder à des arrestations, bien que l'établissement ait affirmé que ses étudiants n'avaient pas pris part aux désordres.

Le ministre de l'Intérieur Amit Shah a de nouveau lancé le 15 décembre un appel au calme en affirmant que les cultures locales des Etats du nord-est n'étaient pas menacées, alors que certains redoutent un afflux d'immigrants du Bangladesh.

«La culture, la langue, l'identité sociale et les droits politiques de nos frères et sœurs du Nord-Est demeureront», a déclaré Amit Shah lors d'un rassemblement dans l'Etat de Jharkhand, selon la chaîne de télévision News18.

L'opposition et des organisations de défense des droits de l'homme estiment que cette loi fait partie du programme nationaliste de Narendra Modi visant selon elles à marginaliser les 200 millions d'Indiens musulmans.

Le vote de la loi a donné lieu cette semaine à des flambées de colère dans les deux chambres du Parlement, un député allant jusqu'à la comparer aux lois anti-juives promulguées par le régime nazi en Allemagne dans les années 1930.

Des organisations de défense des droits de l'homme et un parti politique musulman ont déposé un recours contre la loi devant la Cour suprême, en arguant qu'elle est contraire à la Constitution et aux traditions séculaires indiennes.

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