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Des experts internationaux renoncent à enquêter sur les violences policières à Hong Kong

L'exécutif de Hong Kong avait ouvert une enquête «indépendante» concernant les violences policières hongkongaises. Mais le groupe d'enquêteurs internationaux a communiqué le 11 décembre qu'il souhaitait se débarasser du dossier, faute d'indépendance.

Un groupe d'enquêteurs internationaux, choisi par le gouvernement local de Hong Kong pour assister l'enquête sur les violences policières contre les militants opposés à l'exécutif pro-chinois, a annoncé le 11 décembre qu'il renonçait à sa tâche. Un mois auparavant, ces experts avaient rédigé un communiqué, qu'ils n'avaient pas publié, mais qui avait été divulgué dans les médias. Ils y suggéraient que pour obtenir une enquête crédible, il fallait qu'elle soit confiée à un organisme totalement indépendant de la police.

Le 11 décembre, ce cercle d'experts a affirmé que ses échanges avec l'autorité de surveillance de la police hongkongaise (IPCC) n'avaient pas progressé depuis. «En conséquence, le groupe indépendant d'experts (Independent Expert Panel, IEP) a décidé de se renoncer officiellement», indique le communiqué.

«Nous avons finalement conclu que de graves lacunes étaient patentes dans les pouvoirs, les capacités et les possibilités d'enquêter de manière indépendante de l'IPCC», ont-ils écrit.

Une enquête de ce type est devenue l'une des principales revendications des manifestants qui se mobilisent depuis six mois dans le territoire semi-autonome chinois. Mais l'exécutif hongkongais dirigé par Carrie Lam a constamment rejeté cette demande.

Le groupe d'enquêteurs internationaux a été formé en septembre. Présidé par Dennis O'Connor, ancien magistrat canadien spécialiste du droit du maintien de l'ordre, il compte des experts venus d'autres pays anglophones comme le Royaume-Uni, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande. Début décembre, le directeur de l'IPCC, Anthony Neoh, avait critiqué ses membres dans les médias chinois, estimant qu'ils «ne comprennent pas la situation à Hong Kong».

L'autorité de surveillance de la police hongkongaise critiquée

Les enquêteurs internationaux devaient publier début 2020 un pré-rapport sur le comportement de la police lors des manifestations. Mais les détracteurs affirment que l'IPCC ne dispose pas de pouvoirs d'enquête adaptés, qu'il prend pour argent comptant les statistiques établies par la police, et qu'il est impuissant lorsqu'il s'agit de demander des comptes aux forces de l'ordre.

Il doit en effet se contenter de traiter les plaintes transmises par la police elle-même, et il ne peut pas citer à comparaître des témoins, ni demander à un juge d'obtenir des documents qui ne lui auraient pas été communiqués.

De telles restrictions, selon les experts, «ne permettent pas de commencer à répondre aux attentes des citoyens de Hong Kong qui auraient probablement besoin d'un organisme chargé de surveiller une police opérant dans une société qui valorise les libertés et les droits». 

Le mouvement, qui est entré le 9 décembre dans son sixième mois de mobilisation, est né d'un projet de loi qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine. Le texte a été enterré, mais les manifestants ont élargi leurs revendications pour obtenir plus de démocratie. 

Ces dernières semaines ont vu les violences entre manifestants et policiers se calmer, après la victoire écrasante des forces opposés à Pékin aux élections locales du 24 novembre.

Le 8 décembre, quelque 800 000 personnes selon les organisateurs (183 000 selon la police) avaient défilé, sans incident notable, pour protester contre l'autoritarisme dont font preuve, selon eux, les autorités hongkongaises fidèles à Pékin.

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